Transport 🛣️
Chaos à Strasbourg : une piste cyclable bouleverse tout un quartier

Dans cette rue strasbourgeoise, le mécontentement gagne même les cyclistes, un comble pour la « capitale française du vélo ».
À Strasbourg, le vélo règne en maître et fait partie intégrante de l’identité locale : avec plus de 600 kilomètres d’aménagements cyclables, un réseau cohérent, des pistes généreuses et continues, et des habitants qui pratiquent le cyclisme quelles que soient les conditions météorologiques. La cité alsacienne a depuis longtemps donné la primauté au deux-roues non motorisé, implémentant dès les années 1970 une politique urbaine favorable au vélo et restrictive pour l’automobile. Ce modèle inspire aujourd’hui Anne Hidalgo à Paris, qui tente de reproduire cette transition depuis 2015, non sans difficultés.
Cependant, l’administration écologiste menée par Jeanne Barseghian (EELV) semble avoir péché par excès de zèle. Un nouvel aménagement cyclable vient d’être inauguré dans une artère de 300 mètres (rue Mélanie, située dans la partie nord-est de l’agglomération), conçu pour distribuer équitablement l’espace entre automobiles et bicyclettes. L’infrastructure ne prévoit ni séparation physique ni hiérarchisation claire des priorités. Le concept repose sur une voirie partagée à parts égales, agrémentée de rétrécissements stratégiques pour contraindre les véhicules motorisés à se croiser avec prudence. Dans la pratique? C’est une situation chaotique.
Une voie pour tous qui paralyse la circulation
Dans cette artère très empruntée du quartier, le nouveau dispositif est censé incarner la « cohabitation apaisée » des usagers : une généreuse piste cyclable bidirectionnelle, adjacente à une voie unique pour les automobiles, également à double sens. Théoriquement, cette répartition paraît équilibrée, mais concrètement, elle a métamorphosé les déplacements en véritable défi logistique.
À certaines intersections, la chaussée est désormais tellement exiguë que deux véhicules ne peuvent plus se croiser. Comme l’empiétement sur la bande cyclable, même temporairement et en l’absence de cyclistes, demeure formellement prohibé, les conducteurs doivent patienter jusqu’à atteindre un « sas de croisement » (surnom donné aux chicanes). Lorsque plusieurs véhicules se succèdent, les embouteillages s’accumulent, les moteurs tournent et inévitablement, les tensions montent.
Avertisseurs sonores, freinages brusques, manœuvres risquées : les conséquences prévisibles se sont matérialisées. Certains automobilistes, exaspérés, finissent par emprunter directement l’espace réservé aux cyclistes pour éviter l’immobilisation prolongée. La situation quotidienne est devenue intenable : les cyclistes protestent contre les intrusions automobiles, les résidents souffrent des nuisances sonores et des altercations, tandis que les automobilistes bouillonnent d’impatience.
Un aperçu éloquent de cette confusion est visible dans la séquence ci-dessous, relayée sur X par Jean-Philippe Vetter (Union de la Droite et du Centre), membre du conseil municipal strasbourgeois.
Rue #Mélanie : le carnage continue. Plus de 30 minutes pour faire 300 mètres, des cyclistes et des automobilistes qui ne savent plus où aller et des bouchons à perte de vue.
Pour mémoire, la rue #Mélanie, c’est ce concept dont seule la municipalité @EELV de #Strasbourg a le… pic.twitter.com/JJnVImQV6C
— Jean-Philippe Vetter (@JPVETTER) May 1, 2025
La municipalité face aux reproches et en quête de solutions
Dans un reportage diffusé sur TF1, les résidents n’ont pas hésité à interpeller Marc Hofsess, adjoint écologiste au maire. « Qui a conçu ce dispositif? », s’est insurgé un habitant furieux. La réponse de l’élu, visiblement mal à l’aise : « Nous avons collaboré avec des ingénieurs ». Avant de concéder, presque à regret : « Nous réalisons que nous avons peut-être franchi certaines limites ici. Nous allons explorer les possibilités techniques pour rectifier la situation et garantir la sécurité de tous les usagers. »
Pour un aménagement ayant nécessité un investissement global de 900 000 euros, la facture est particulièrement lourde au regard des résultats obtenus. Ce n’est pas tant le montant qui suscite l’indignation, bien qu’il soit considérable, mais plutôt le fait que cette dépense n’ait pas atteint les objectifs escomptés.
Rétablir l’équilibre de l’espace urbain en faveur du vélo, après des décennies d’hégémonie automobile, constitue un véritable défi pour les métropoles françaises. En raison de leur forte concentration, l’espace public est aujourd’hui une ressource disputée ; concevoir des infrastructures cyclables généreuses comme celle de la rue Mélanie exige donc patience, investissements substantiels et adaptation du tissu urbain existant. Le problème réside dans le fait que de telles controverses, lorsqu’elles sont mal gérées, deviennent des arguments redoutables pour renforcer les discours des adversaires de la mobilité cyclable.
Une rhétorique dénuée de sens, car rappelons-le : replacer la bicyclette au cœur des villes n’est pas un caprice idéologique, mais une évolution nécessaire. Dans ce cas précis, la controverse ne porte pas sur la finalité, mais sur la méthodologie ; malgré quelques frictions passées, Strasbourg possède l’expertise requise. Pionnière bien avant que la « mobilité douce » ne devienne un élément incontournable des programmes électoraux, la municipalité devrait rapidement apporter les corrections nécessaires.

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