La Bête autrichienne échappée : Essai de la KTM RC8 R 2011

La KTM RC8 R déploie 175 chevaux, offre une précision chirurgicale en pilotage, et constitue la moto homologuée route la plus extrême du constructeur autrichien.

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi ressemble une moto « parfaite » ? Une machine à la précision chirurgicale conçue pour dominer sur circuit mais qui reste étonnamment homologuée pour la route ? Voici la KTM RC8 R de 2011, une superbike sauvage à moteur V-Twin qui représentait la tentative la plus audacieuse (et unique) de KTM pour défier les géants de la catégorie superbike. Sans surprise : ce n’était pas seulement audacieux, c’était brillant.

Cette moto marquait la sortie de KTM de sa zone de confort tout-terrain et supermotard pour plonger tête baissée dans la guerre des superbikes, affrontant des marques comme Ducati et Aprilia tout en tentant de briser la domination japonaise. Et pour leur premier essai ? Un coup de maître.

Une rareté sur les routes malaisiennes

Soyons clairs d’emblée : apercevoir une RC8 R sur les routes de Malaisie relève de l’observation d’une licorne. Cette machine est d’une rareté exceptionnelle. Et après l’avoir pilotée, vous comprendrez pourquoi – non pas qu’elle ne soit pas performante, mais plutôt qu’elle est un peu trop sauvage pour la circulation quotidienne.

J’ai eu l’opportunité d’essayer la RC8 R 2011, malheureusement pas sur circuit, et même sur routes ouvertes, il était évident que cette machine est conçue pour être malmenée dans les virages et poussée dans ses retranchements en ligne droite. Elle réclame d’être utilisée à haut régime, et toute utilisation en-deçà donne l’impression de la brider.

1195 cm³ de pure puissance V-Twin

Sous les carénages anguleux et agressifs se cache un V-Twin de 1.195 cm³ développant 175 ch et 127 Nm de couple. C’est une puissance considérable pour une moto ne pesant que 185 kg. KTM a doté la RC8 R de nombreuses améliorations pour 2011 : réponse à l’accélérateur plus fluide, passages de vitesses affinés, double allumage et vilebrequin révisé pour un meilleur équilibre du moteur.

La délivrance du couple ? Absolument généreuse. Elle tire fort dès les régimes moyens et ne faiblit jamais. La puissance est linéaire, souple et étonnamment raffinée pour une machine aussi brute.

L’alimentation est précise, les changements de vitesse sont nets, et la moto se comporte comme une arme de précision, particulièrement une fois passée la troisième vitesse. Mais effectivement, la chaleur est bien présente. Dès le troisième rapport, vous commencerez à sentir la chaleur cuire vos cuisses – acceptable peut-être en Europe, mais dans la circulation malaisienne ? Pas vraiment.

Comportement routier : Mode Bête

La RC8 R est équipée de suspensions WP entièrement réglables, à l’avant comme à l’arrière, et porte en elle l’ADN caractéristique de KTM « Ready to Race ». Son comportement ? Précis. Incisif. Télépathique.

Sur route ouverte cependant ? Cela peut être excessif. La position de pilotage est agressive, orientée circuit, mais pas aussi extrême qu’une ZX-6R. Les longs trajets sont épuisants, particulièrement avec le rayon de braquage limité et la chaleur du moteur qui s’intensifie. Mais après tout, elle n’a jamais été conçue pour être utilisée quotidiennement.

Lorsque vous ouvrez les gaz, elle implore les virages. Les freins sont solides, la maniabilité est agile, et la stabilité est irréprochable. Mais on a toujours l’impression qu’elle vous demande : « Pourquoi ne sommes-nous pas à Sepang en ce moment ? »

Design, caractéristiques et qualité de fabrication

Cette moto ne ressemble à aucune autre sur la route, paraissant encore futuriste même plus d’une décennie plus tard. Elle se compose entièrement de lignes acérées, d’angles dramatiques et d’une allure MotoGP. Le tableau de bord s’inspire de la compétition, bascule entre modes route/circuit, et même la hauteur du sous-cadre est réglable.

Des commandes au guidon aux repose-pieds, tout est ajustable. Qualité d’assemblage ? Exemplaire. On ressent vraiment que chaque pièce a été façonnée à la main par d’anciens horlogers suisses à la retraite. Néanmoins, certains propriétaires ont signalé des problèmes : faux points morts, fuites d’huile, peinture écaillée, et occasionnellement des soucis de came ou de soupape. Mais quand elle fonctionne correctement, elle est exceptionnelle. Malheureusement, KTM a mis fin à la production de la RC8 R après seulement quelques années.

Verdict final : Un chef-d’œuvre rare et brut

La KTM RC8 R 2011 est une moto d’exception, brutale, brillante et magnifiquement rare. Ce n’est pas le meilleur choix pour les embouteillages ou les longues traversées d’autoroute, mais si vous recherchez la perfection dans les virages lors des journées sur circuit ou souhaitez posséder une pièce d’histoire de KTM, c’est un rêve devenu réalité.

Si vous parvenez à en trouver une en Malaisie, ne la laissez pas s’échapper, car elles sont non seulement rares, mais aussi spéciales. Note ? Pour le pilote adéquat dans l’environnement approprié : une arme de circuit 10/10. Gardez simplement les sorties brèves si vous êtes pris dans la circulation urbaine.

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