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    Transports quotidiens : générateurs de burn-out, anxiété et dépression ?

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    Transports quotidiens : générateurs de burn-out, anxiété et dépression ?

    Le trajet domicile-travail: ce rituel quotidien qui affecte notre santé mentale

    La véritable maladie contemporaine ne serait-elle pas le travail en lui-même, mais plutôt les déplacements quotidiens nécessaires pour s’y rendre?

    Courir pour attraper son train de banlieue à 7h12, se retrouver compressé dans une rame de métro surchargée à 8h03, s’impatienter dans les embouteillages à quelques minutes de son lieu de travail… Voilà la réalité quotidienne de nombreux Français qui répètent ce rituel si intégré dans leur routine qu’ils n’en mesurent plus réellement l’impact.

    Au cours du XXe siècle et au début du XXIe, le développement des infrastructures de transport a été principalement conçu comme un levier d’efficacité économique. L’objectif était de réduire les distances pour relier les bassins d’emploi et d’optimiser les déplacements des travailleurs pour économiser du temps. Cependant, cette focalisation sur le gain temporel a progressivement occulté l’aspect humain de la question, plus difficile à quantifier car il implique notre niveau de stress, notre fatigue et notre épuisement psychologique. Une étude récente menée par l’Institut Terram et l’Alliance pour la Santé Mentale auprès de 3 300 personnes majeures explore cette problématique en formulant l’hypothèse que ces déplacements pourraient constituer un facteur majeur de notre malaise collectif.

    La mobilité contrainte: un poids considérable sur l’équilibre psychologique

    Les données recueillies par ces deux organismes révèlent que 43% des répondants ayant vécu un épisode de burn-out considèrent que leurs conditions de transport y ont contribué significativement. Le constat est similaire pour 44% des personnes ayant eu recours à des antidépresseurs, et atteint 46% chez celles qui ont expérimenté des épisodes de colère intense, parfois violente.

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    Ce phénomène semble affecter particulièrement la jeune génération, puisque 35% des 18-34 ans établissent une corrélation directe entre leurs déplacements et la détérioration de leur bien-être psychologique. Ils dénoncent une mobilité subie plutôt que choisie, souvent caractérisée par un éloignement domiciliaire, des services de transport irréguliers et une accumulation de contraintes sociales: horaires de travail décalés, sentiment d’insécurité dans les transports (ressenti par 56% des femmes de moins de 35 ans), précarité financière, charge mentale liée aux études ou aux responsabilités parentales…

    L’éloignement aggrave nettement la situation: parmi les personnes parcourant quotidiennement plus de 50 km, 67% se disent affectées par leurs trajets. Ce pourcentage diminue à 38% pour des distances entre 20 et 49 km, 29% entre 10 et 19 km, 24% entre 5 et 9 km, et seulement 19% pour des trajets inférieurs à 5 km. Plus la distance s’allonge, plus le fardeau psychologique s’alourdit.

    Au-delà de la question kilométrique, l’environnement joue un rôle crucial. La voiture, longtemps symbole de liberté (même si cette dimension symbolique s’estompe selon une autre étude), représente aussi un espace confiné où les tensions s’intensifient: embouteillages, vigilance constante, dépenses imprévues…

    Pour ce qui concerne les transports collectifs, la problématique diffère mais reste liée aux conditions mêmes de déplacement. Les utilisateurs réguliers sont davantage exposés à une forme de désorganisation mentale, alimentée par l’irrégularité des horaires (mentionnée par 57% des insatisfaits), l’inconfort pendant le trajet (45%), l’insécurité perçue (43%), ou l’inadaptation aux personnes en situation de handicap (22%). S’ajoutent à ces facteurs d’autres éléments tout aussi oppressants: la promiscuité, la perte d’autonomie temporelle et la surstimulation sensorielle dans des environnements perçus comme instables ou agressifs.

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    Quand se déplacer devient un atout: marche, cyclisme et multimodalité en première ligne

    Fort heureusement, certains modes de déplacement semblent générer des effets bénéfiques: apaisement, satisfaction, sentiment de maîtrise. D’après l’enquête, 76% des personnes combinant mobilités actives et transports collectifs estiment que cette pratique influence positivement leur équilibre mental. Cette perception transcende, selon l’étude, les distinctions d’âge, de catégorie socioprofessionnelle ou de territoire, tout en permettant d’intégrer une activité physique modérée aux déplacements quotidiens.

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    La marche arrive particulièrement en tête des préférences. 73% des marcheurs réguliers y trouvent davantage de satisfaction que dans l’automobile, et 71% constatent une diminution de leur niveau d’anxiété. Le vélo suit de près avec 79% de satisfaction sur le plan du plaisir, et 68% concernant la réduction du stress psychologique. Ces statistiques s’expliquent logiquement: ces formes de mobilité offrent une relation plus directe avec l’environnement et surtout, une plus grande autonomie quant au rythme que l’on souhaite adopter.

    Néanmoins, les trains et autres moyens de transport collectifs peuvent également s’inscrire dans cette dynamique positive à condition qu’ils soient réguliers et perçus par leurs usagers comme accessibles et fiables. Abandonner la conduite est alors vécu comme un avantage: 73% des participants apprécient de ne pas devoir gérer le stationnement de leur véhicule, 65% de ne pas avoir à conduire, et 61% la régularité des horaires des transports utilisés. En termes simples, ces éléments logistiques (qui sont en réalité bien plus que cela) allègent la charge mentale liée à l’organisation quotidienne.

    Dans le domaine de la géographie des transports comme dans toutes ses sous-branches, persiste la problématique des inégalités territoriales. Nous ne bénéficions pas tous des mêmes possibilités et n’avons pas tous accès à l’intermodalité (la possibilité de combiner marche, vélo et transports en commun).

    Les écarts de satisfaction restent effectivement considérables, atteignant jusqu’à 20 points entre les résidents des zones urbaines et ceux des territoires ruraux. Dans les secteurs peu desservis, les déplacements dits "actifs" (vélo et marche) demeurent minoritaires, souvent jugés peu réalistes, voire dangereux.

    Cette enquête nous révèle finalement qu’on ne peut réduire la mobilité au simple fait de "se rendre quelque part"; ce concept englobe une dimension supplémentaire: "dans quelles conditions on s’y rend". Lorsque le simple fait de se déplacer devient une épreuve, notre santé psychologique en pâtit: traverser un territoire ne se résume pas à suivre un itinéraire sur une application. Quand l’unique moyen de rejoindre son lieu de travail, son médecin ou ses proches génère trop de sentiments négatifs, la mobilité cesse d’être une liberté pour devenir une contrainte imposée.

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