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Stellantis: 2,3 milliards d’euros de pertes, une crise non assumée par le géant

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Stellantis: 2,3 milliards d'euros de pertes, une crise non assumée par le géant

L’industrie automobile européenne traverse une période tumultueuse : Stellantis (regroupant Peugeot, Citroën, Fiat et autres marques) vient de dévoiler des résultats financiers catastrophiques pour le premier semestre 2025. Le géant automobile enregistre une perte nette colossale de 2,3 milliards d’euros, un revirement brutal après plusieurs années de rentabilité exceptionnelle. Le groupe semble aujourd’hui submergé par une crise majeure dont il esquive partiellement la responsabilité.

Le rapport financier publié aujourd’hui par Stellantis dresse un tableau préoccupant : les livraisons ont chuté de 6% en glissement annuel, atteignant seulement 1,4 million de véhicules. Cette performance, bien inférieure aux projections, se traduit par un déficit net de 2,3 milliards d’euros. Ce résultat marque une détérioration spectaculaire comparé à la même période de l’exercice précédent, où le constructeur avait engrangé 5,6 milliards d’euros de profits en 2024.

Sous la nouvelle direction d’Antonio Filosa (suite au départ de Carlos Tavares en fin d’année dernière), le consortium avance diverses justifications pour expliquer cette situation alarmante. Principal argument invoqué : l’impact des frictions commerciales mondiales, particulièrement le renforcement des taxes douanières américaines imposées par le gouvernement Trump. Selon Stellantis, ces "conséquences initiales des nouvelles barrières douanières américaines" ont représenté à elles seules une perte de 300 millions d’euros durant cette période. L’entreprise anticipe également 3,3 milliards d’euros de coûts exceptionnels avant impôts, liés à l’abandon de certains projets industriels et à la dévalorisation d’infrastructures de production.

Ces difficultés sont amplifiées par le cadre législatif européen, notamment les réglementations visant à réduire les émissions carbonées des véhicules neufs, nécessitant des adaptations structurelles et des investissements considérables dans l’électrification des gammes. Le groupe évoque une "phase transitoire" dans son catalogue, caractérisée par l’introduction de nouveaux véhicules électriques comme les Peugeot e-3008 et e-5008, mais cette évolution paraît insuffisante pour contrebalancer la diminution des volumes et l’érosion des marges bénéficiaires.

Un effondrement sur le marché nord-américain

La conjoncture s’avère particulièrement critique en Amérique du Nord, territoire stratégique pour Stellantis avec ses marques Jeep, Dodge et Chrysler. Durant le trimestre, les ventes y ont plongé de 25% comparativement à l’année précédente, représentant une baisse de 109 000 véhicules. Ce déclin s’explique largement par l’incidence des barrières douanières sur les modèles importés, qui affectent sévèrement la profitabilité du consortium.

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En Europe, la régression est moins dramatique mais demeure préoccupante : 50 000 unités en moins, équivalent à un repli de 6% sur douze mois. Sur le continent européen, Stellantis souligne la "transformation de son portefeuille produits", une formulation diplomatique pour évoquer les obstacles rencontrés dans l’adaptation aux nouvelles exigences environnementales et à l’intensification de la compétition dans le segment des véhicules électriques.

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Face à cette convergence d’adversités, les dirigeants du groupe tentent d’apaiser les inquiétudes en mentionnant notamment des initiatives de réorganisation et une redéfinition des priorités stratégiques. Pourtant, les investisseurs restent dubitatifs, d’autant que Stellantis a abandonné en avril ses prévisions pour 2025, invoquant les incertitudes liées au contexte commercial international.

Stellantis refuse de reconnaître ses erreurs

Le départ de Carlos Tavares, figure emblématique du redressement de PSA puis de la formation de Stellantis, témoigne de l’ampleur de la crise. Sa démission, motivée par des performances financières jugées insatisfaisantes et des divergences avec les actionnaires, a inauguré une période d’instabilité à la tête du consortium. Son remplaçant, Antonio Filosa, doit maintenant diriger une entité fragilisée, confrontée à des décisions stratégiques cruciales et à une pression accrue des marchés financiers.

Confronté à ces défis, Stellantis adopte une posture défensive. Plutôt que d’assumer pleinement la responsabilité de cet échec (notamment en admettant un retard stratégique dans l’électrification), le groupe accumule les explications exogènes : barrières douanières, contraintes réglementaires européennes, environnement international défavorable… Bien qu’indéniables, ces facteurs n’expliquent pas intégralement la déconfiture de l’entreprise. Ces dernières années (malgré des bilans positifs), Stellantis souffre d’un déficit significatif en matière d’innovation, de flexibilité industrielle et de gestion des transformations technologiques.

L’horizon de Stellantis s’annonce donc incertain. Entre réorganisations, adaptation contrainte à la transition électrique et persistance des tensions commerciales, le conglomérat devra démontrer sa capacité à rebondir – et surtout, à assumer la responsabilité de ses orientations stratégiques. « Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte. » affirmait l’homme politique Emile de Girardin.

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