L’IA au volant : 150 km/h sur autoroute, est-ce vraiment raisonnable ?

L’Espagne teste une innovation controversée pour les limitations de vitesse sur autoroute, grâce à l’intelligence artificielle. Ce système pourrait permettre de rouler jusqu’à 150 km/h dans certaines conditions, mais soulève des questions importantes concernant la sécurité et l’environnement.

Alors que la plupart des pays européens s’orientent vers une réduction des vitesses maximales pour limiter les accidents et diminuer l’empreinte carbone, l’Espagne explore une voie différente. Sur l’autoroute AP-7, près de Gérone, un dispositif basé sur l’IA évalue continuellement différents paramètres pour adapter en direct la limitation de vitesse, avec la possibilité d’autoriser jusqu’à 150 km/h dans certaines circonstances.

Une technologie intelligente pour moduler la vitesse

Le principe est intéressant : l’intelligence artificielle recueille constamment des informations sur la densité du trafic, les conditions météorologiques et la visibilité pour calculer la vitesse idéale à autoriser. Lorsque tout est optimal – peu de véhicules sur la route, une excellente visibilité et un temps favorable, la limitation pourrait être relevée jusqu’à 150 km/h. À l’opposé, le système réduirait automatiquement cette limite dès que les conditions se détériorent.

L’objectif principal de cette expérimentation est d’optimiser la fluidité de la circulation et de réduire les embouteillages. Toutefois, cette approche semble contredire les orientations européennes qui favorisent la transition vers les véhicules électriques. Ces derniers perdent considérablement en autonomie à haute vitesse, ce qui explique pourquoi de nombreux propriétaires de voitures électriques comme Tesla préfèrent maintenir une vitesse de 110 km/h sur autoroute.

Pour les véhicules à combustion, l’impact environnemental s’accroît de manière significative avec la vitesse. À 150 km/h, la consommation de carburant s’envole comparée à celle observée à 120 km/h, entraînant une augmentation substantielle des émissions de CO2. Dans un contexte d’urgence climatique, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence de l’initiative espagnole.

L’intelligence artificielle peut-elle surpasser le jugement humain ?

En France, où la vitesse maximale sur autoroute est fixée à 130 km/h depuis 1974, on constate une baisse notable de la mortalité routière. Chaque augmentation de vitesse entraîne mathématiquement un allongement des distances de freinage et des chocs plus violents en cas d’accident.

Le dispositif espagnol pourrait théoriquement intégrer ces facteurs de risque pour ajuster les limitations en temps réel. Cependant, l’aspect psychologique du comportement des conducteurs ne doit pas être négligé : autoriser occasionnellement des vitesses de 150 km/h pourrait inciter certains automobilistes à adopter une conduite plus agressive. Il est donc peu probable qu’une telle expérimentation soit envisagée en France dans un avenir proche.

• L’Espagne expérimente un système d’intelligence artificielle qui permettrait d’augmenter la limite de vitesse jusqu’à 150 km/h sur certains tronçons autoroutiers quand les conditions sont parfaites
• Cette initiative pose un dilemme pour les véhicules électriques dont l’autonomie diminue considérablement à des vitesses élevées
• Les experts en sécurité routière s’inquiètent des risques potentiels malgré l’ajustement en temps réel, car les distances d’arrêt augmentent considérablement avec la vitesse