Stellantis : Le nouveau patron prend le contre-pied de la stratégie Tavares

Antonio Filosa prend les commandes de Stellantis, marquant un tournant décisif pour le groupe automobile. Cette transition à la tête du conglomérat pourrait redéfinir l’avenir des nombreuses marques qui le composent.

Le groupe Stellantis accueille un nouveau dirigeant en la personne d’Antonio Filosa. Ce changement majeur intervient pour ce géant automobile qui rassemble un vaste portefeuille de marques allant de Peugeot à Fiat, en incluant également Jeep et Chrysler. Après trois années sous la direction du portugais Carlos Tavares, le consortium connaît un bouleversement à son sommet. Le départ de l’ancien dirigeant de PSA marque une victoire stratégique pour Fiat et John Elkman, qui parviennent à installer une figure familière au poste le plus élevé de l’organigramme.

La désignation d’Antonio Filosa résulte d’un parcours méritoire plutôt que d’un quelconque favoritisme. Ce napolitain d’origine a construit sa carrière pas à pas. Entré chez Fiat en 1999, il a toujours manifesté une loyauté indéfectible envers le constructeur italien. Il s’est notamment illustré en développant avec succès les activités du groupe en Amérique du Sud.

Ses performances remarquables dans cette région lui ont valu d’être propulsé à la direction de Jeep en 2023. Deux années plus tard, le 28 mai 2025, il accède à la présidence de Stellantis. Carlos Tavares a été évincé suite aux performances financières décevantes enregistrées durant l’exercice 2024.

Un changement de cap stratégique ?

L’arrivée d’un nouveau leader peut-elle transformer radicalement l’orientation du consortium Stellantis ? Lors de sa communication téléphonique avec les actionnaires ce mardi, Filosa semble clairement prendre ses distances avec l’héritage laissé par son prédécesseur.

Malgré des résultats trimestriels préoccupants, le nouveau dirigeant articule sa vision autour de trois axes fondamentaux : croissance, exécution et rentabilité. Une approche qu’il entend mettre en œuvre selon sa propre méthode, en s’appuyant notamment sur une diversification significative de l’offre produit.

Contrairement à Tavares qui avait opté pour une rationalisation des finitions et options sur les véhicules du groupe afin de réduire les coûts, Filosa préconise exactement l’inverse. Pour l’Italien, cette diversification représente un moyen de reconquérir l’attachement des clients fidèles. Elle permettrait également à Stellantis d’élargir sa présence sur différents segments de marché tout en améliorant ses marges bénéficiaires.

Cette nouvelle orientation devrait se concrétiser en Europe par le lancement d’une nouvelle Peugeot 208 GTi. Bien que proposée exclusivement en version électrique, ce modèle ambitionne de raviver la nostalgie associée à la légendaire 205 GTi, dont le lancement remonte à quatre décennies presque jour pour jour.

Des marques en sursis ?

Si les initiatives actuelles de Filosa se présentent comme des « mesures d’urgence », l’Italien affirme disposer d’une vision stratégique à long terme. Il sollicite toutefois la patience des investisseurs, annonçant la présentation de son plan stratégique complet pour Stellantis au premier trimestre 2026.

Durant ses échanges avec les actionnaires, il a lancé ce qui ressemble à une mise en garde aux 14 marques constituant le consortium. Bien qu’aucune ne semble explicitement menacée pour l’instant, il rappelle, en dirigeant pragmatique, qu’il n’hésitera pas à prendre des décisions difficiles concernant « les produits qui ne répondent pas aux attentes des consommateurs. »