Connect with us

Énergie & Recharge

Greenpeace s’insurge contre le départ de deux navires avec combustible nucléaire

Published

on

Greenpeace s'insurge contre le départ de deux navires avec combustible nucléaire

Le transfert maritime de matières nucléaires françaises, un enjeu stratégique et controversé.

Des convois radioactifs traversent les océans, révélant l’ambivalence de notre leadership nucléaire mondial.

Le 6 septembre dernier, deux bâtiments spécialement équipés, le Pacific Heron et le Pacific Hegret, ont appareillé du port de Cherbourg en direction de l’archipel nippon, transportant une cargaison sensible de combustible MOX (Mélange d’OXydes). Ce matériau, fabriqué dans l’installation Melox gardoise, contient approximativement 8 % de plutonium (extrait lors du retraitement de combustibles déjà utilisés, associé à une base d’uranium appauvri). Pour le groupe Orano, acteur majeur français du secteur nucléaire qui organise ce transport, ces expéditions constituent également une démonstration technologique et commerciale significative : elles attestent que la France figure parmi les rares nations maîtrisant la technologie de valorisation du plutonium, le transformant en combustible réutilisable dans les centrales civiles.

Cette opération n’a pourtant rien d’inhabituel, s’agissant du neuvième transport de MOX vers le Japon depuis 1999. Orano souligne d’ailleurs qu’aucun problème n’a été recensé jusqu’à présent. L’entreprise affirme que les emballages utilisés « assurent l’isolation complète des matières en toutes situations ». Une position fermement contestée par l’organisation Greenpeace, qui s’oppose à cette nouvelle traversée qu’elle juge dangereuse et superflue.

Cherbourg–Tokyo : le périple risqué du combustible nucléaire français

L’atout principal du MOX réside dans sa capacité à valoriser le plutonium qui s’accumule dans des structures de stockage hautement sécurisées mais présente des difficultés accrues de gestion en cas d’incident. Selon l’analyse de Greenpeace, cette filière représente essentiellement un moyen de maintenir artificiellement l’activité de retraitement en France. « Le MOX n’est pas justifié économiquement, son coût dépasse largement celui du combustible traditionnel et son existence ne sert qu’à perpétuer l’industrie du retraitement », a déclaré à l’AFP Yannick Rousselet, expert en sûreté nucléaire consultant pour l’organisation.

L’autre aspect critiqué concerne le transport lui-même. L’acheminement nécessite deux navires cuirassés, accompagnés et placés sous surveillance constante, devant parcourir plusieurs mers jusqu’à l’archipel japonais. « Nous ne pouvons accepter ce danger de transport à travers l’ensemble des océans uniquement pour des considérations commerciales », insiste Rousselet. Pour Greenpeace, le risque est donc double : à terre, le MOX demeure une substance extrêmement radiotoxique ; en mer, un incident ou une éventuelle attaque de pirates, aussi peu probable soit-elle, entraînerait des répercussions catastrophiques.

à lire également :  TVA sur l'électricité : une hausse fiscale record de 263 % en août !

L’itinéraire contesté du plutonium français

En mettant en lumière ce convoi, Greenpeace cible principalement les conventions établies depuis quatre décennies entre Paris et Tokyo. Le Japon envoie ses combustibles épuisés en France pour retraitement, mais en pratique, la grande majorité des résidus reste entreposée sur le territoire français. « Sur les 1.764 conteneurs de déchets de moyenne activité entreposés à La Hague, seulement 20 seront renvoyés au Japon », rappelle Yannick Rousselet. La France retourne du MOX valorisé, mais conserve la majeure partie du passif radioactif, assumant de facto une portion significative de la responsabilité nucléaire japonaise.

Du côté d’Orano, cette collaboration représente la démonstration d’une expertise industrielle exceptionnelle, que la société valorise comme un avantage concurrentiel dans un secteur nucléaire particulièrement fermé. Effectivement, les pays qui pratiquent le retraitement sont extrêmement peu nombreux.

Greenpeace interprète plutôt cette situation comme le symptôme d’une dépendance industrielle : la France endosse le rôle de « gestionnaire de déchets » pour d’autres nations. Cette position l’expose aux risques inhérents aux transports maritimes et à l’entreposage de matières radioactives : possibilité de naufrage, d’accident de criticité ou d’incidents radiologiques, notamment.

Le MOX demeure l’un des combustibles les plus controversés au monde : emblème de l’économie circulaire nucléaire pour ses défenseurs ou symbole d’un système non viable pour ses détracteurs. Cette nouvelle exportation vers le Japon ne fait que raviver ce débat de longue date. Qui, de Greenpeace ou d’Orano, détient la vérité ? Sans doute chacun partiellement, selon la perspective adoptée : priorité absolue à la sécurité ou nécessité pour la France de conserver sa position dans l’industrie nucléaire internationale.

Advertisement
Fiverr Freelance Web

À partir de 283€ HT / Semaine

Achat & Location

Voir les offres

Articles tendance