Connect with us

Auto

Jaguar Land Rover: reprise des usines après la cyberattaque massive

Published

on

Jaguar Land Rover: reprise des usines après la cyberattaque massive

Après une paralysie informatique sans précédent qui a duré plus d’un mois, le constructeur britannique Jaguar Land Rover (JLR) commence enfin à retrouver ses capacités opérationnelles. Cette reprise marque la fin d’une période extrêmement difficile pour le fleuron automobile britannique.

La crise qui a frappé JLR, propriété du conglomérat indien Tata Motors depuis 2008, aura été d’une sévérité exceptionnelle. Pendant plus de cinq semaines, l’entreprise a vu l’intégralité de son infrastructure numérique complètement neutralisée, ses lignes de production à l’arrêt et son réseau de fournisseurs plongé dans l’incertitude. Cette attaque massive, survenue le 1er septembre, a été revendiquée par le collectif de pirates informatiques Scattered Lapsus$ Hunters.

Ces cybercriminels ont réussi à s’infiltrer profondément dans les systèmes informatiques du constructeur, contraignant ce dernier à couper complètement ses réseaux pour limiter l’extraction de données, ce qui a entraîné l’arrêt total de sa production mondiale. Les hackers ont exploité une vulnérabilité présente dans un logiciel externe utilisé par le constructeur (SAP Netweaver), faiblesse déjà identifiée par les services de cybersécurité américains. Bien qu’une mise à jour correctrice existait, on ignore encore si JLR l’avait implémentée avant l’attaque.

Le constructeur estime que cet incident lui a coûté approximativement 1,5 milliard de livres sterling de chiffre d’affaires (environ 1,73 milliard d’euros) sur le trimestre touché. Adrian Mardell, directeur général du groupe, a déclaré : "Cette semaine représente une étape cruciale pour JLR et l’ensemble de notre écosystème", avant d’ajouter : "Notre processus de restauration est maintenant solidement enclenché".

Une reprise progressive et méthodique

Le constructeur britannique a initié la relance de ses opérations hier, 8 octobre, en commençant par son unité de Wolverhampton, spécialisée dans la fabrication de moteurs, suivie par son site de Birmingham dédié à l’assemblage des batteries. Cette réactivation s’est étendue aux installations de tôlerie de Castle Bromwich, Halewood et Solihull. Les infrastructures de JLR à Solihull, qui alimentent l’ensemble de sa production mondiale (carrosserie, peinture et logistique), ont également repris leurs activités.

Dans l’usine de Solihull, les chaînes d’assemblage des modèles phares de la marque, le Range Rover et le Range Rover Sport, ont été remises en fonction graduellement. Un processus similaire est en cours à Nitra, en Slovaquie, où sont fabriqués le Defender et le Discovery, véhicules emblématiques de la gamme tout-terrain du constructeur.

Le site de Halewood, situé au nord-ouest de l’Angleterre et responsable de la production du Range Rover Evoque et du Discovery Sport, reste temporairement inactif. Cette usine, actuellement en phase de transformation pour accueillir la future génération de véhicules électriques du groupe (un investissement évalué à 500 millions de livres, soit plus de 575 millions d’euros), reprendra ses activités ultérieurement. Pour l’instant, JLR concentre ses efforts sur la réhabilitation complète de son infrastructure informatique et le renforcement de sa sécurité numérique.

à lire également :  Voiture électrique : Europe rattrape retard avec batteries plus durables

"Nous procédons à une restauration séquentielle et sécurisée de notre environnement informatique mondial", a communiqué le groupe. L’entreprise a également confirmé que certaines informations sensibles avaient été compromises lors de l’incident, d’après les résultats des investigations internes. JLR s’est engagé à informer individuellement toutes les personnes concernées par cette violation de données.

Une crise qui a nécessité l’intervention de l’État britannique

Si les conséquences pour JLR ont été considérables, les répercussions se sont étendues bien au-delà du constructeur. Un effet cascade a touché environ 700 entreprises au Royaume-Uni, mettant en péril près de 150 000 emplois. Confrontés à cette situation critique, de nombreux sous-traitants du groupe ont dû placer leur personnel en chômage partiel ou suspendre temporairement leurs opérations.

Pour éviter l’effondrement de la filière automobile britannique, le gouvernement de Londres a annoncé le 27 septembre la mise en place d’une garantie d’État pour un emprunt de 1,5 milliard de livres sterling (approximativement 1,72 milliard d’euros). Ce soutien financier, destiné à JLR et son écosystème de partenaires, sera accordé par une institution financière privée mais bénéficiera de la garantie gouvernementale dans le cadre du programme Export Development Guarantee (EDG). Ce mécanisme vise à assurer la stabilité financière des grandes entreprises exportatrices confrontées à des difficultés majeures.

En complément, JLR a déployé un dispositif de financement accéléré, conçu pour réduire les délais de paiement envers ses fournisseurs éligibles, mobilisant ses propres ressources financières pour soutenir leur trésorerie immédiate. Le PDG a souligné l’importance de cette solidarité : "Nos partenaires fournisseurs sont essentiels à notre réussite […] Je tiens à exprimer ma gratitude envers l’ensemble des équipes de JLR pour leur engagement et leur persévérance durant ces dernières semaines".

Depuis sa création en 2008, jamais le groupe n’avait traversé une crise d’une telle ampleur – un prix exorbitant à payer pour la transformation numérique de l’industrie automobile. Une épreuve dont le constructeur se remet progressivement, mais qui lui aura au moins enseigné que la protection de ses infrastructures numériques constitue l’un de ses actifs stratégiques les plus critiques à renforcer. Sa pérennité industrielle en dépend, tout comme celle de ses collaborateurs, concepteurs et partenaires industriels qui ont fait preuve de résilience pendant ces longues semaines d’immobilisation forcée.

Advertisement
Fiverr Freelance Web

À partir de 283€ HT / Semaine

Achat & Location

Voir les offres

Articles tendance