Dieselgate : 2,7 millions de voitures toujours affectées par le scandale

Il y a une décennie, l’industrie automobile était secouée par ce qu’on appelle désormais le "dieselgate". Aujourd’hui, cette affaire retentissante continue d’avoir des répercussions importantes sur notre parc automobile. Mais votre véhicule fait-il encore partie des modèles affectés par cette fraude massive?

Le scandale du dieselgate représente l’une des plus importantes tricheries jamais révélées dans le secteur automobile. Durant les années 2000, le constructeur allemand Volkswagen se retrouve confronté à un défi majeur: ses véhicules récents dépassent largement les seuils réglementaires d’émissions polluantes. Les niveaux de dioxyde de carbone et surtout d’oxydes d’azote rejetés par ses moteurs diesel sont bien au-delà des normes autorisées.

Face à cette situation, la direction du groupe adopte une stratégie frauduleuse plutôt que de revoir la conception de ses moteurs. Volkswagen met en place un système sophistiqué pour manipuler les tests d’homologation. Lorsque la supercherie est finalement découverte et médiatisée, le constructeur doit admettre l’ampleur de sa fraude. Plus de 11 millions de véhicules dans le monde étaient équipés de ce dispositif trompeur.

Une décennie après la révélation

Le 17 septembre dernier marque un tournant avec le dépôt d’une plainte contre l’État français par deux organisations non gouvernementales associées à un collectif de consommateurs. Ces derniers accusent les autorités françaises d’inaction face à l’ampleur du problème. Bien que des campagnes de rappel aient été lancées, près de 2,7 millions d’automobiles continuent de rouler sur nos routes en dépassant dangereusement les limites d’émissions polluantes.

Cette estimation provient des analyses réalisées par l’International Council on Clean Transportation (ICCT). Anne Lassman-Trappier, spécialiste des questions de qualité de l’air au sein de France Nature Environnement (l’une des ONG plaignantes), souligne que le logiciel frauduleux installé par Volkswagen dissimule des niveaux d’émissions d’oxyde d’azote particulièrement alarmants. "Ces véhicules peuvent émettre entre 2 et 10 fois la quantité légalement permise."

Selon les recherches des organisations environnementales, ces émissions excessives d’oxydes d’azote, particulièrement nocifs pour la santé humaine, seraient responsables de plusieurs dizaines de milliers de décès prématurés. Sur le plan économique, l’impact de cette pollution atmosphérique est estimé à environ 100 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

Quels véhicules sont encore touchés aujourd’hui?

Les associations à l’origine de la plainte indiquent avoir déjà alerté les ministères des Transports et de l’Écologie depuis plusieurs mois. Une mise en demeure officielle a été adressée aux autorités, mais celle-ci n’a pas débouché sur des mesures concrètes de la part du gouvernement.

Concernant les véhicules impliqués, il est important de noter que si Volkswagen a d’abord été considéré comme le seul coupable, les investigations ont progressivement révélé que ces pratiques étaient répandues chez d’autres constructeurs. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a notamment relevé des irrégularités chez Renault, avec des écarts atteignant 377% entre les résultats obtenus en laboratoire et les émissions réelles mesurées en conditions normales d’utilisation.

Un rapport publié en 2023 mettait également en cause le groupe PSA (Peugeot-Citroën), aujourd’hui intégré à Stellantis. La DGCCRF évoquait dans ce document une "stratégie globale visant à fabriquer des moteurs frauduleux, puis à les commercialiser".

À l’heure actuelle, aucun inventaire exhaustif des véhicules toujours affectés par le "dieselgate" n’a été rendu public.