Alstom évincé par l’Espagne pour la modernisation des trains belges

La Belgique confie à CAF son méga-contrat ferroviaire, un revers majeur pour Alstom

La Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) vient d’attribuer un contrat d’envergure au constructeur espagnol CAF, laissant sur le carreau le groupe français Alstom. Cette décision représente un échec considérable pour l’industriel tricolore, qui se voit privé d’une opportunité commerciale estimée à 1,7 milliard d’euros au profit de son concurrent ibérique.

L’efficacité prime sur la préférence nationale

La procédure d’attribution de ce marché avait débuté en 2022 lorsque la SNCB a initié un appel d’offres pour moderniser son parc ferroviaire. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie ambitieuse visant à améliorer la qualité des services de transport et à porter la part du rail dans les déplacements des Belges à 30% d’ici 2032. Parmi les différentes entreprises candidates, CAF s’est rapidement distinguée aux yeux des décideurs belges.

Ce constructeur basque, dont la création remonte à 1917 à Beasain, s’est imposé comme un acteur incontournable dans l’univers des transports ferroviaires et urbains. Son expertise couvre tout le spectre du secteur, depuis la conception jusqu’à la maintenance, en passant par la fabrication de véhicules ferroviaires allant des trains régionaux aux rames à grande vitesse.

La sélection initiale de CAF avait été temporairement bloquée suite à un recours déposé par Alstom auprès du Conseil d’État belge. Cette contestation s’est finalement révélée infructueuse, l’instance juridique ayant validé le processus de sélection. Jean-Luc Crucke, ministre belge en charge de la Mobilité, du Climat et de la Transition environnementale, a souligné ce principe fondamental : « L’essence même d’un marché européen est de sélectionner sur la base de la performance globale, sans préférence nationale. »

La consommation énergétique fait la différence

Le contrat initial porte sur la fourniture de 180 rames, avec une clause d’extension pouvant porter ce nombre jusqu’à 600 unités selon l’évolution des besoins de l’opérateur ferroviaire belge. Les premières livraisons sont programmées pour 2029. CAF aura pour mission de développer les trains de nouvelle génération baptisés AM30, destinés à remplacer le matériel roulant vieillissant actuellement exploité par la SNCB.

Ces nouvelles rames promettent d’offrir une expérience voyageur considérablement améliorée, avec un niveau de confort accru, une accessibilité optimisée, et surtout une empreinte environnementale réduite. C’est précisément sur ce dernier aspect que l’offre de CAF a surclassé celle d’Alstom : la proposition espagnole s’est distinguée par sa sobriété énergétique supérieure. L’un des atouts majeurs du projet réside dans l’intégration de technologies hybrides, notamment des trains équipés de batteries, conçus pour prendre la relève des anciens modèles fonctionnant au diesel.

Cette défaite représente une déception majeure pour Alstom, qui comptait fortement sur cette opportunité pour consolider son carnet de commandes et pérenniser l’activité de son site de production belge situé à Bruges, préservant ainsi de nombreux emplois dans la région.