Transport
Bolt déploiera des taxis 100% autonomes : le pari fou d’une première européenne

L’Europe s’apprête-t-elle à accueillir des véhicules sans conducteur sur ses routes ? La question se pose alors qu’une entreprise estonienne ambitionne de révolutionner le marché européen du transport.
Le continent européen n’est pas réputé pour son ouverture aux véhicules autonomes, bien au contraire. Contrairement aux États-Unis ou à la Chine, où des sociétés comme Zoox et Waymo ont déjà largement développé leurs services, l’Union européenne impose une réglementation particulièrement contraignante. Ce contexte rigoureux n’a pourtant pas découragé Bolt, la plateforme estonienne déjà bien implantée dans de nombreuses capitales européennes avec ses services de VTC. L’entreprise nourrit l’ambition de devenir le pionnier européen des trajets autonomes. Pour concrétiser ce projet audacieux, Bolt s’est associée à Pony AI, un acteur chinois figurant parmi les leaders mondiaux de la technologie de conduite sans chauffeur.
Bien que Pony AI n’ait pas encore communiqué officiellement sur cette collaboration, Markus Villig, fondateur de Bolt, a confirmé à Reuters son intention d’intégrer des robotaxis « dans l’année suivant les premiers déploiements prévus pour 2026 ». Cet horizon 2027 semble particulièrement ambitieux, surtout au regard des réticences bien connues des régulateurs européens face à ce type d’innovations.
Pony AI : un partenaire stratégique pour Bolt
Relativement méconnue en Europe, Pony AI représente pourtant le partenaire idéal sur lequel Bolt pouvait miser pour son projet. La société chinoise a su tisser un réseau impressionnant de collaborations internationales : un partenariat avec Stellantis pour concevoir des véhicules autonomes de niveau 4 SAE basés sur la plateforme « AV-Ready », des expérimentations concluantes aux Émirats arabes unis, des opérations au Luxembourg, et plus récemment un déploiement imminent à Guangzhou en collaboration avec Sunlight Mobility. Pony AI s’est ainsi imposée comme une référence incontournable dans le secteur, malgré une couverture médiatique relativement discrète.
L’intérêt de Bolt pour les taxis autonomes répond certes à une volonté d’innovation, mais vise également à rationaliser son modèle économique. Les véhicules sans chauffeur présentent des coûts d’exploitation réduits sur le long terme, permettant d’optimiser la rentabilité. En prenant une longueur d’avance, Bolt pourrait s’assurer un avantage compétitif déterminant face à des concurrents comme Uber, qui ambitionne de lancer un service similaire d’ici 2026.
Un défi considérable à relever
Comme évoqué précédemment, le secteur de la mobilité est fortement réglementé en Europe. Si Bolt parvient à concrétiser son projet avant ses concurrents, l’entreprise s’imposera immédiatement comme la référence incontournable sur le marché européen de la mobilité autonome, contraignant la concurrence à accélérer leurs propres développements.
Cependant, rien n’est encore acquis et un obstacle majeur se dresse devant Bolt et Pony AI : l’obtention des autorisations nécessaires auprès des instances européennes pour déployer leurs taxis autonomes. L’Union européenne ayant récemment refusé l’homologation du FSD de Tesla, il apparaît clairement que les régulateurs n’accorderont aucune dérogation, même aux acteurs européens. Pour espérer obtenir le feu vert, Bolt devra satisfaire à des exigences strictes : transparence totale des données, fiabilité exemplaire du service, conformité rigoureuse aux réglementations nationales, procédures claires de gestion des incidents, etc. Une liste d’exigences considérable, mais que l’entreprise devra impérativement respecter pour voir son projet aboutir.














