Auto
Stellantis: contourner le bonus écologique avec les « usines à tournevis »

Stellantis s’est aventuré dans une zone grise réglementaire, mais le géant automobile a finalement été pris en flagrant délit dans sa stratégie d’optimisation.
Le conglomérat franco-italo-américain Stellantis, l’un des leaders mondiaux de l’automobile, compte parmi ses nombreuses marques le constructeur chinois Leapmotor, acquis pour proposer des véhicules électriques urbains à prix compétitifs sur le marché européen.
Face aux restrictions du bonus écologique français, qui exclut les véhicules fabriqués hors de l’Union Européenne, Stellantis avait imaginé un subterfuge astucieux. La citadine électrique T03 serait produite en Chine sous forme de composants séparés, puis acheminée vers l’usine polonaise de Tychy pour y être assemblée.
Cette manœuvre visait à qualifier la voiture comme « production européenne » afin de bénéficier des aides gouvernementales convoitées. Cependant, le 31 mars, l’activité de l’usine polonaise s’est brutalement interrompue après que les autorités françaises ont déclaré la T03 inéligible au bonus écologique, en raison de sa conception chinoise.
En réalité, l’installation polonaise ne servait qu’à un assemblage basique, s’apparentant à ce que les professionnels du secteur nomment une « usine tournevis » – où les véhicules arrivent en kits prêts à être montés, tel un puzzle géant. Une pratique qui, bien que respectant la lettre de la réglementation initiale du bonus écologique, en transgressait manifestement l’esprit.
Un revers administratif décisif
Pour comprendre l’enchaînement des événements, revenons au salon automobile de Turin en septembre 2024. Lors de la présentation de la T03, les dirigeants de Leapmotor affichaient une sérénité totale concernant l’obtention du bonus écologique, considérant la procédure comme une simple formalité administrative.
Mais les fonctionnaires chargés d’étudier le dossier n’ont pas été dupes de cette stratégie. Début décembre, un projet d’arrêté apparaît, pour être officiellement publié au Journal officiel le 24 janvier dernier. Ce texte, rapidement surnommé « anti-Leapmotor », précise désormais qu’une voiture électrique doit être « fabriquée » en Europe pour bénéficier du bonus, remplaçant ainsi l’ancienne terminologie qui mentionnait uniquement les « sites d’assemblage » – une nuance lexicale aux conséquences financières considérables.
Leapmotor persiste sur le marché européen
Malgré cet obstacle réglementaire qui aurait pu décourager de nombreux constructeurs, Leapmotor maintient ses ambitions européennes. La marque, détenue majoritairement par Stellantis à hauteur de 51%, prévoit de « fabriquer » véritablement son SUV B10 dans des installations espagnoles.
L’objectif à moyen terme serait d’atteindre un taux de 40% de valeur ajoutée européenne dans ses véhicules. Si la marque parvenait à relever ce défi encore hypothétique, elle pourrait s’affranchir des droits de douane pénalisants. Cette nouvelle approche illustre une fois encore la détermination des constructeurs automobiles à optimiser leur positionnement commercial, quitte à naviguer dans les zones grises réglementaires ou à interpréter les législations de la manière la plus avantageuse possible pour leurs intérêts.

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