Stellantis abandonne son programme de développement de pile à hydrogène

Dans un revirement stratégique surprenant, le groupe Stellantis abandonne sa technologie hydrogène, alors même qu’il est à la fois actionnaire majeur et client principal de Symbio, entreprise spécialisée dans cette filière.

Cette décision intervient de façon inattendue alors que certains constructeurs comme BMW considéraient récemment que l’exclusion de technologies alternatives comme l’hydrogène ou les carburants de synthèse représenterait une erreur stratégique pour le secteur automobile. Pourtant, Stellantis vient d’annoncer la cessation complète de son programme de développement de piles à combustible à hydrogène. La production en série des véhicules utilitaires Pro One à hydrogène prévue dans les usines d’Hordain (France) et de Gliwice (Pologne) est désormais stoppée.

Stellantis met un terme définitif à sa stratégie hydrogène pour les piles à combustible

Le constructeur automobile justifie ce changement de cap par plusieurs facteurs : une infrastructure de ravitaillement en hydrogène encore trop limitée, des coûts d’investissement prohibitifs et la nécessité d’importantes subventions pour attirer les clients professionnels. Sous la nouvelle direction d’Antonio Filosa, le groupe estime que le marché des utilitaires légers à hydrogène ne connaîtra pas de véritable essor avant la fin de cette décennie.

Par conséquent, Stellantis renonce au lancement prévu cette année de sa nouvelle gamme de véhicules Pro One à hydrogène. La production qui devait démarrer cet été à Hordain pour les utilitaires moyens et à Gliwice pour les grands formats est abandonnée. Les objectifs initiaux tablaient pourtant sur une fabrication de plus de 10 000 fourgons à hydrogène dès 2024.

« Dans un environnement où notre entreprise concentre ses efforts pour respecter les normes réglementaires européennes en matière d’émissions de CO2, Stellantis a pris la décision d’abandonner son programme de développement technologique des piles à combustible à hydrogène », a expliqué Jean-Philippe Imparato, Directeur des Opérations pour l’Europe élargie.

Le groupe multinational affirme que cette réorientation n’affectera pas les effectifs de ses sites de production et que les activités de Recherche & Développement consacrées à l’hydrogène seront réaffectées à d’autres projets.

La startup Symbio apparaît clairement comme la grande victime de ce revirement stratégique. Le constructeur automobile, qui détient 33% du capital aux côtés de Michelin et de l’équipementier Forvia, pourrait ainsi compromettre sérieusement le développement de la filière hydrogène française.

Il convient de rappeler que Symbio avait récemment inauguré en 2023 son ambitieux projet SymphonHy, considéré comme le plus important site intégré de production de piles à combustible en Europe, implanté en France à Saint-Fons, près de Lyon. Face à cette situation, Michelin et Forvia se disent « particulièrement inquiets » quant aux répercussions de cette décision sur les 590 employés de Symbio en France et les 50 collaborateurs à l’international.

Il faut souligner que ce n’est pas le seul défi auquel fait face le groupe Stellantis depuis plusieurs mois, notamment avec les problèmes liés aux moteurs PureTech. Après les vastes campagnes de rappel concernant le moteur 1.2 PureTech, c’est maintenant son successeur, le 1.2 turbo essence, qui se retrouve au cœur d’une nouvelle polémique, avec plus de 200 000 véhicules qui devront être rappelés dans les semaines à venir.