Énergie & Recharge
Nouvelle taxe sur le gaz votée par le Sénat : votre facture va exploser

Dans un mouvement inattendu visant à transformer le paysage énergétique français, le Sénat vient d’approuver une nouvelle taxe sur le gaz destinée à financer la réduction des tarifs d’électricité. Cette décision aura pour conséquence directe une augmentation des factures énergétiques pour les foyers utilisant le gaz comme source de chauffage principal.
Dans le contexte des délibérations sur le budget 2026, la chambre haute du Parlement, dominée par la droite, a entériné un amendement révisant le système des "accises", ces prélèvements spécifiques appliqués aux produits énergétiques. Cette initiative vise à alléger la pression fiscale sur la consommation d’électricité, tout en augmentant parallèlement celle pesant sur le gaz naturel.
D’après les analyses conduites par la commission des finances sénatoriale, les ménages chauffés à l’électricité pourraient voir leur facture annuelle diminuer entre 11 et 45 euros, selon leur profil de consommation. En contrepartie, les familles utilisant le gaz comme source principale de chauffage devraient faire face à une hausse annuelle oscillant entre 12 et 80 euros, représentant un surcoût mensuel de 1 à 7 euros.
Les parlementaires ayant porté cette proposition justifient ce transfert de charge fiscale comme un levier pour accélérer la "transition énergétique". Leur raisonnement s’appuie sur l’observation que les tarifs actuels du gaz sont considérés comme "très bas". Jean-François Husson (LR), rapporteur général du budget, assume pleinement cette mesure qu’il présente comme un accompagnement vers l’adoption de l’électricité, énergie jugée plus vertueuse, particulièrement dans un pays comme la France qui dispose d’importantes capacités de production électrique.
Le gouvernement a manifesté son soutien à cette initiative. Roland Lescure, ministre de l’Économie, a qualifié cette proposition de "pleine de sens", soulignant que l’électricité constitue une source d’énergie "décarbonée et souveraine", contrairement au gaz, plus polluant et pour lequel la France reste tributaire d’approvisionnements étrangers.
Une augmentation pouvant atteindre 80 euros sur les factures de gaz
Pour les millions de foyers français qui utilisent encore le gaz comme moyen de chauffage, cette nouvelle augmentation risque d’être difficile à accepter. Ces consommateurs sortent à peine d’une période de deux ans marquée par des tensions significatives sur les prix énergétiques, avec la suppression progressive des boucliers tarifaires et une instabilité importante des coûts. Dans ce contexte économique tendu, même une hausse apparemment "modeste" de 80 euros annuels peut représenter un fardeau conséquent pour des budgets domestiques déjà sous pression. Au-delà du montant lui-même, c’est la perspective d’une énième augmentation dans un environnement où le pouvoir d’achat continue de s’éroder qui suscite l’inquiétude.
Au sein du Sénat, les représentants de la gauche ont vivement critiqué cette disposition qui, selon le sénateur socialiste Thierry Cozic, "ne doit en aucun cas se faire au détriment de ceux qui se chauffent au gaz, bien plus souvent par contrainte que par choix réel". En effet, dans de nombreuses copropriétés ou bâtiments anciens, la transition vers un autre système de chauffage demeure complexe, coûteuse, voire techniquement impossible à court terme, ce qui condamne de facto leurs occupants à subir cette nouvelle hausse fiscale.
D’un point de vue budgétaire, cette réforme est présentée comme équilibrée pour les finances de l’État : la diminution des recettes fiscales provenant de l’électricité serait exactement compensée par l’augmentation des prélèvements sur le gaz. Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle aide financée par l’endettement public, mais d’une redistribution entre différentes catégories de consommateurs d’énergie.
Les consommateurs concernés par cette hausse conservent néanmoins un dernier espoir. Le projet de loi de finances pour 2026 poursuit son cheminement législatif et ne devrait être définitivement adopté qu’à la mi-décembre au plus tôt. La mesure votée par le Sénat peut encore être modifiée, supprimée ou reformulée lors des prochaines étapes du débat parlementaire, notamment lorsque le texte reviendra devant l’Assemblée nationale, où l’équilibre des forces politiques diffère sensiblement.














