Énergie : qu’est-ce que le « e-gaz », le nouveau pari stratégique de TotalEnergies ?

TotalEnergies s’associe à des partenaires internationaux pour développer un ambitieux projet de gaz synthétique neutre en carbone destiné à l’exportation vers le Japon. Cette initiative illustre une nouvelle orientation stratégique dans le secteur énergétique mondial, combinant innovation technologique et objectifs de décarbonation.

Le groupe pétrolier français TotalEnergies vient de conclure un partenariat stratégique avec la société TES et trois entreprises japonaises – Osaka Gas, Toho Gas et Itochu – pour lancer la production d’e-gaz aux États-Unis. Ce projet d’envergure, baptisé « Live Oak », sera implanté dans le Nebraska avec un démarrage de production prévu pour 2030.

L’accord de collaboration établit une répartition équilibrée des participations : les trois compagnies japonaises détiendront collectivement 33,3% du projet, tandis que TotalEnergies et TES conserveront chacun 33,35%. Cette alliance franco-nippo-américaine témoigne de la dimension internationale des nouveaux projets énergétiques décarbonés.

L’e-gaz, également désigné sous les termes de gaz naturel électrique ou e-NG, représente une innovation prometteuse dans le domaine des énergies à faible empreinte carbone. Sa production repose sur la combinaison d’hydrogène renouvelable et de dioxyde de carbone. Pour le projet Live Oak, les partenaires utiliseront spécifiquement de l’hydrogène produit à partir d’électricité verte américaine et du CO2 biogénique capté dans les usines de bioéthanol du Nebraska.

L’un des principaux avantages de l’e-gaz réside dans sa compatibilité parfaite avec les infrastructures gazières existantes. Comme le souligne TotalEnergies, ce gaz de synthèse présente la même structure moléculaire que le gaz naturel fossile conventionnel. Cette caractéristique essentielle permet son intégration directe dans toute la chaîne logistique du GNL (gaz naturel liquéfié) – depuis la liquéfaction jusqu’à la distribution, en passant par le transport maritime et la regazéification – sans nécessiter d’adaptation technique. Les consommateurs finaux peuvent ainsi l’utiliser sans modifier leurs équipements.

Un déploiement industriel progressif

Le calendrier de développement du projet Live Oak s’articule en plusieurs phases distinctes. Les partenaires vont d’abord entreprendre des études d’ingénierie approfondies pour affiner la conception technique des installations. La décision finale d’investissement est programmée pour 2027, ouvrant la voie au lancement effectif de la production trois ans plus tard. Selon les informations communiquées par TotalEnergies, les volumes produits atteindront rapidement une échelle industrielle significative.

Le modèle économique repose principalement sur l’exportation vers le marché japonais. Les sociétés Osaka Gas et Toho Gas, partenaires du projet, enlèveront la majeure partie de la production d’e-gaz pour l’acheminer au Japon, où il sera injecté dans le réseau national de distribution gazière, contribuant ainsi à la décarbonation progressive de l’approvisionnement énergétique nippon.

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification des sources d’énergie à faible empreinte carbone et illustre la volonté des acteurs traditionnels du secteur pétrogazier de se positionner sur les nouveaux segments de marché liés à la transition énergétique. L’e-gaz pourrait ainsi constituer une solution complémentaire aux autres énergies renouvelables, en offrant une alternative décarbonée aux importations conventionnelles de gaz naturel fossile, notamment pour des pays fortement dépendants comme le Japon.