BYD, géant chinois de l’électrique, dépasse Tesla et prend la tête du marché

BYD affiche une réussite économique impressionnante tandis que Tesla traverse une période de turbulences financières considérables, un contraste saisissant entre les deux géants de l’électromobilité.

La confrontation entre ces deux constructeurs a radicalement évolué au fil des années. D’un côté, le constructeur américain Tesla avec son emblématique patron Elon Musk, jadis perçu comme le visionnaire incontesté du secteur. De l’autre, le groupe chinois BYD, initialement spécialisé dans les batteries avant de se diversifier dans l’automobile. Les amateurs d’automobile se souviennent encore des railleries de Musk envers son rival asiatique. La situation s’est désormais inversée. Pendant que Tesla stagne avec un déclin commercial et une profitabilité en chute libre, BYD fracasse tous ses objectifs commerciaux et s’impose comme le nouveau leader mondial des véhicules électriques.

Les données financières sont éloquentes. BYD a dépassé le seuil symbolique des 100 milliards de dollars de revenus annuels, générant un profit net de 5,55 milliards de dollars, en progression de 34 %. Durant le dernier trimestre, l’entreprise a même intensifié sa croissance avec des ventes en hausse de 52,7 % et des bénéfices qui ont progressé de 73 %. À l’opposé, Tesla a vu ses revenus diminuer de 6 % à 77 milliards de dollars, avec une rentabilité opérationnelle très limitée de 6,2 % pour le dernier trimestre 2024.

Une suprématie construite dans la compétition féroce du marché intérieur chinois

Le triomphe de BYD s’est initialement forgé sur son marché domestique. La marque a dû rivaliser avec les puissants groupes étatiques chinois collaborant avec des constructeurs occidentaux et une multitude de jeunes entreprises locales innovantes. Actuellement, 95 % de ses 4,2 millions de véhicules électrifiés vendus (dont 1,76 million de modèles entièrement électriques) sont commercialisés en Chine.

Havana Lan, porte-parole de BYD en France, souligne cette progression fulgurante : « Nous avons mis treize ans pour atteindre notre premier million de véhicules vendus. Mais nous sommes passés en seulement deux mois de 9 à 10 millions de véhicules cumulés commercialisés mondialement. »

Cette fondation robuste permet maintenant à BYD d’engager sa conquête internationale avec une confiance que peu de concurrents peuvent revendiquer.

Une expansion industrielle planétaire pour surmonter les obstacles commerciaux

Face à l’intensification des tensions internationales et aux risques de taxes douanières prohibitives, BYD déploie une stratégie d’implantation manufacturière globale. Au lieu d’exporter massivement depuis ses usines chinoises, l’entreprise implante des sites de production aux quatre coins du globe.

En Europe, une première unité de fabrication sera inaugurée en Hongrie avant la fin de l’année, suivie d’une seconde en Turquie. Un troisième projet européen est actuellement envisagé, probablement en Allemagne. BYD s’installe également en Thaïlande et développe des projets industriels en Indonésie, au Pakistan et au Brésil.

Sur les 4,2 millions de véhicules commercialisés l’année dernière, "seulement" 400 000 ont quitté le territoire chinois. Mais ce n’est que le commencement. BYD prépare déjà l’introduction en Europe de l’Atto 2, un crossover compact à la pointe de la technologie, et du Dolphin Surf, son modèle électrique le plus économique. Le constructeur ambitionne ainsi de répliquer internationalement son succès chinois, tout en bénéficiant d’une rentabilité supérieure.

L’excellence technologique comme moteur commercial

BYD ne se limite pas à proposer des automobiles à tarifs avantageux. L’entreprise consacre des ressources considérables à l’innovation pour concurrencer Tesla sur son terrain de prédilection.

« Nous investissons 4,4 milliards de dollars annuellement en recherche et développement et employons 110 000 ingénieurs, dont les trois quarts travaillent également sur les systèmes de conduite autonome », précise Stella Li, directrice du groupe pour l’Europe.

Cette concentration de moyens génère des avancées significatives. BYD vient d’annoncer l’intégration de "God’s Eye", son système d’assistance à la conduite développé en interne, sur l’ensemble de sa gamme. Plus remarquable encore, le constructeur a présenté la Super e-Platform, une technologie de recharge ultra-rapide permettant de récupérer 470 kilomètres d’autonomie en à peine cinq minutes. En comparaison, un superchargeur Tesla nécessite quinze minutes pour recharger une Model Y jusqu’à 241 km.

Si ce dispositif sera d’abord déployé en Chine via un réseau de 4 000 stations de recharge, BYD s’engage à l’adapter au marché européen en collaboration avec des partenaires locaux.