Elon Musk et son sondage controversé font fuir les clients de Tesla

La chute d’un empire automobile : quand le PDG devient le principal frein aux ventes

Une tempête sans précédent s’abat actuellement sur le constructeur américain de véhicules électriques. D’après une enquête récente conduite par YouGov pour Yahoo News auprès de 1 677 citoyens américains adultes entre le 20 et 24 mars 2025, plus des deux tiers de la population américaine rejette désormais l’idée d’acquérir un véhicule de cette marque californienne.

Ce rejet massif n’est pas lié à des défauts de conception ou de fiabilité, mais directement à la figure controversée de son directeur général. Nous assistons à un phénomène inédit dans l’industrie automobile : la personnalité d’un PDG devient l’obstacle majeur à la commercialisation de ses propres produits. Une situation qui fait les affaires de son principal concurrent chinois, qui continue de creuser l’écart sur le marché mondial.

Elon Musk : le PDG devenu le pire ennemi de sa propre marque

Les résultats de l’enquête sont sans appel : seulement 18% des sondés considèrent l’achat d’un véhicule de la marque, tandis que 67% écartent formellement cette possibilité. Parmi ces derniers, 37% désignent explicitement Elon Musk comme cause principale ou partielle de leur refus d’achat.

Cette aversion varie considérablement selon les profils démographiques. Les femmes se montrent particulièrement réfractaires (75% refusent l’achat) comparativement aux hommes (57%). Des disparités notables existent également entre communautés : si 66% des Américains caucasiens excluent l’achat d’un véhicule de la marque, ce pourcentage atteint 71% chez les Hispaniques et 63% dans la communauté afro-américaine.

La réputation d’Elon Musk s’est significativement détériorée, avec 55% des Américains exprimant une opinion négative à son sujet, dont 45% « très négative ». Les répercussions sur l’entreprise sont désastreuses, celle-ci récoltant désormais 49% d’opinions défavorables contre seulement 37% d’avis favorables.

L’automobile prise au piège des clivages politiques

Les aspirations politiques du milliardaire et sa relation privilégiée avec le président Trump ne font qu’aggraver la situation. L’étude révèle que 54% des Américains estiment que Musk exerce une influence excessive sur Donald Trump, contre 30% qui considèrent cette influence comme « appropriée ». Une infime minorité (2%) juge même que cette influence devrait être renforcée.

Particulièrement préjudiciable pour l’image du constructeur, 52% des participants considèrent que les actions de Musk visent avant tout à « satisfaire ses intérêts personnels » plutôt qu’à « contribuer au bien du pays » (36%).

Concernant le controversé Department of Government Efficiency (DOGE) – cette « structure gouvernementale » placée sous la direction de Musk – les opinions restent divisées. Parmi les personnes interrogées, 44% estiment qu’il « dégrade la situation en éliminant des services publics essentiels », alors que 38% pensent qu’il « améliore les choses en éliminant les dépenses superflues ».

Cette fracture politique se reflète naturellement dans les intentions d’achat : 82% des démocrates écartent l’achat d’un véhicule de la marque, contre 53% des républicains. Fait notable, même parmi les électeurs soutenant Trump, une majorité demeure réticente à l’acquisition d’un véhicule du constructeur californien.

Ces statistiques représentent un signal d’alarme pour le fabricant : l’individu qui a propulsé l’entreprise vers des valorisations boursières record est aujourd’hui celui qui la précipite vers un désastre commercial. Entre ses déclarations controversées sur les plateformes sociales, ses choix entrepreneuriaux contestés et son engagement politique clivant, Musk s’est métamorphosé en figure répulsive pour la majorité des consommateurs américains. À force de se présenter comme un visionnaire omnipotent, il suit désormais la trajectoire d’Icare, démontrant que l’orgueil démesuré constitue un carburant bien moins fiable que l’électricité pour propulser une entreprise vers le succès.