Est-ce que Leclerc arnaque les clients sur le carburant comme le montre cette preuve ?

Une polémique s’est récemment emparée des réseaux sociaux concernant les stations-service E.Leclerc, accusées de distribuer des quantités insuffisantes de carburant. Examinons cette affaire qui fait grand bruit.

Une simple vidéo partagée sur Instagram fin avril 2025 a suffi à déclencher une controverse majeure. Un automobiliste français y présente ce qu’il considère comme une preuve flagrante de tromperie dans une station E.Leclerc.

Après avoir acheté précisément un litre de carburant, il le transvase dans un récipient gradué et affirme qu’environ un tiers du volume manque. "Nous sommes tous victimes d’escroquerie", déclare-t-il avec conviction face à la caméra. La séquence s’est propagée à une vitesse fulgurante, suscitant l’indignation de milliers d’internautes.

E.Leclerc déjà fragilisé sur le terrain des carburants

L’enseigne E.Leclerc traîne une réputation déjà écornée dans le domaine des carburants. En avril 2024, plusieurs de ses stations en Gironde avaient fait l’objet d’une controverse médiatisée. Des conducteurs reprochaient au distributeur de "diluer" son essence avec de l’eau, ce qui aurait provoqué des dysfonctionnements mécaniques sur leurs automobiles.

Le président du groupe, Michel-Édouard Leclerc, avait fermement réfuté ces allégations, soulignant que seulement 50 clients avaient formulé des plaintes sur les 450 000 ravitaillements quotidiens. Le dirigeant avait néanmoins reconnu des "problèmes d’humidité excessive" ponctuels dans certains réservoirs. Cette concession avait suffi à alimenter une vague de suspicion envers les points de distribution du groupe.

Une démonstration scientifiquement discutable

L’analyse de la vidéo révèle un problème fondamental dans la méthodologie employée. L’accusateur a utilisé un verre mesureur conçu pour la préparation de cocktails, dont le fonctionnement est spécifique. Ces récipients comportent plusieurs échelles correspondant aux différents composants d’une recette. L’indication "1 litre" ne représente pas la capacité totale du contenant, mais simplement une étape dans l’élaboration d’un mélange.

Concrètement, si une préparation nécessite d’ajouter un litre de soda en dernier ingrédient, le volume final atteindra effectivement deux litres une fois tous les éléments incorporés. La marque "1 litre" se trouve donc naturellement à mi-hauteur du récipient, et non au bord supérieur.

Cette méprise technique explique entièrement la prétendue démonstration de fraude. En versant un véritable litre d’essence dans ce verre gradué, le niveau atteignait logiquement la graduation "1 litre", créant l’illusion trompeuse d’un volume réduit. Cette erreur d’interprétation illustre parfaitement comment les plateformes sociales peuvent amplifier une information erronée sans discernement critique après une maladresse évidente.

Face à l’ampleur du débat, Le Figaro a conduit sa propre investigation. Direction une station E.Leclerc de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. L’équipe journalistique a reproduit exactement la méthode présentée dans la vidéo virale : achat d’un litre d’essence et transvasement dans un verre doseur.

Les résultats ont complètement invalidé les accusations, confirmant qu’un litre annoncé correspond effectivement à un litre délivré.

Un encadrement réglementaire rigoureux pour les distributeurs de carburant

Au-delà de cette confusion technique, la législation française rend pratiquement impossible une fraude systématique sur les volumes de carburant. Les pompes à essence sont soumises à la "métrologie légale", un dispositif de surveillance particulièrement contraignant.

Chaque distributeur fait l’objet de vérifications régulières menées par des organismes certifiés. Ces inspections garantissent l’exactitude entre le volume affiché et celui réellement distribué.

En cas d’anomalie, l’organisme de contrôle suspend immédiatement l’exploitation de la pompe concernée jusqu’à sa mise en conformité.

Une simple erreur d’interprétation a donc suffi à déclencher une tempête médiatique infondée, illustrant les dangers de la viralité numérique sans vérification préalable. Malgré les apparences, les automobilistes peuvent se rassurer : les mécanismes de contrôle en place garantissent la correspondance entre le carburant payé et celui effectivement distribué.