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Énergie & Recharge

Japon: relance de la plus grande centrale nucléaire après Fukushima

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Japon: relance de la plus grande centrale nucléaire après Fukushima

Treize ans après la catastrophe de Fukushima, le Japon s’apprête à réactiver le plus imposant complexe nucléaire mondial. Cette initiative stratégique suscite toutefois des inquiétudes au sein d’une population encore marquée par le traumatisme de 2011.

Implantée dans la région de Niigata, au nord de la capitale japonaise, la centrale nucléaire la plus puissante de la planète pourrait prochainement reprendre ses activités. Avec ses sept unités de production capables de délivrer 8 200 mégawatts à plein régime, Kashiwazaki-Kariwa dispose d’une capacité suffisante pour approvisionner plusieurs millions de foyers japonais. Toutefois, ce site géant, exploité par Tepco (Tokyo Electric Power Company), reste inactif depuis plus de dix ans.

En mars 2011, un violent séisme de 9,1 sur l’échelle de Richter, suivi d’un raz-de-marée dévastateur, a frappé la côte nord-orientale de l’archipel nippon. Les déferlantes ont envahi la centrale de Fukushima Daiichi, également sous la responsabilité de Tepco, provoquant le déplacement forcé de plus de 160 000 résidents et la contamination radioactive de l’environnement.

Cette catastrophe a gravement entaché la réputation de l’opérateur : les autorités ont immédiatement imposé l’arrêt de l’ensemble des installations nucléaires du territoire, y compris celles épargnées par le cataclysme.

Un héritage problématique

Les autorités nippones souhaitent désormais relancer la filière. Le responsable politique de Niigata, Hideyo Hanazumi, a récemment accordé son autorisation pour une remise en service partielle de Kashiwazaki-Kariwa. Le conseil départemental doit maintenant rendre son verdict, avant l’approbation cruciale de l’autorité de régulation nucléaire. Si tous les signaux passent au vert, le réacteur numéro 6 pourrait redémarrer dès janvier prochain, une première pour Tepco depuis le désastre. L’unité numéro 7 suivrait peu après.

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Cette décision divise cependant la population : d’après une récente enquête d’opinion, 50% des résidents locaux approuvent cette initiative, 47% s’y opposent, et près de sept habitants sur dix affirment ne pas accorder leur confiance à Tepco. La centrale traîne en effet un passif inquiétant. En 2002, l’entreprise avait été surprise en train de manipuler des rapports de sécurité. Cinq années plus tard, un important tremblement de terre avait révélé plusieurs faiblesses structurelles du site, notamment la liquéfaction des sols et des dommages aux fondations des barrières censées protéger les installations contre les tsunamis. Ces antécédents soulèvent légitimement des interrogations quant à la résistance du complexe face à un événement sismique majeur.

Le Japon réoriente sa politique énergétique vers l’atome

Dans ce contexte délicat, la catastrophe de Fukushima a transformé Tepco en emblème national de l’échec technologique et administratif. Depuis lors, la compagnie est soumise à un contrôle renforcé, contrainte de verser des compensations financières colossales et d’assumer la responsabilité du démantèlement de Fukushima Daiichi, un processus qui s’étendra sur plusieurs générations.

Mais la donne économique a considérablement évolué. L’archipel reste extrêmement tributaire des hydrocarbures importés, et depuis le début du conflit ukrainien, ses coûts d’approvisionnement énergétique ont considérablement augmenté. Dans cette perspective, l’exécutif nippon ambitionne de porter à environ 20% la part du nucléaire dans son mix électrique d’ici 2040, contre seulement 5% actuellement. Ce chiffre modeste correspond à la contribution des quatorze réacteurs, exploités par d’autres compagnies, qui ont été progressivement remis en service depuis la tragédie. Dans cette nouvelle configuration stratégique, le complexe de Kashiwazaki-Kariwa représente un atout fondamental.

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