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Énergie & Recharge

La France perd l’accès à l’un des plus grands gisements d’uranium mondial

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La France perd l'accès à l'un des plus grands gisements d'uranium mondial

Le Niger reprend les rênes de son uranium, mettant fin à des décennies de domination française dans un secteur clé pour l’énergie nucléaire. Cette décision majeure compromet l’accès privilégié de Paris à l’une des réserves stratégiques les plus importantes au monde, bouleversant un équilibre géopolitique établi de longue date.

Dans une manœuvre qui redessine son paysage minier, le Niger a clairement signifié ses nouvelles ambitions économiques, sans ménagement pour les intérêts français. Les autorités nigériennes viennent d’officialiser que l’uranium extrait de la Somaïr, exploitation minière majeure du pays, sera désormais commercialisé directement sur les marchés internationaux. Jusqu’à présent, ce site était géré par le groupe Orano, géant français du nucléaire dont l’État détient 90% du capital.

Cette ressource constitue un élément indispensable pour alimenter les centrales nucléaires, et le Niger occupe une place prépondérante parmi les producteurs mondiaux, représentant approximativement 4 à 5% de l’extraction globale selon les données de l’agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA).

Implanté au Niger depuis 1971, Orano exploitait jusqu’au début 2024 un trio de sites dans la région septentrionale : l’exploitation de la Somaïr, celle de la Cominak aujourd’hui fermée, et le colossal gisement d’Imouraren, dont les réserves sont estimées à près de 200 000 tonnes. L’entreprise française orchestrait la majorité des opérations d’extraction et de transformation en collaboration avec l’État nigérien, un partenariat qui offrait à la France une source d’approvisionnement sécurisée sur le long terme.

Un phénomène qui se généralise dans la région sahélienne

Les relations diplomatiques entre Niamey et Paris se sont considérablement dégradées depuis la prise de pouvoir militaire survenue en juillet 2023. Le gouvernement militaire a entrepris une révision systématique des accords de coopération hérités du passé. L’ambition affichée : reconquérir la souveraineté sur les ressources nationales et transformer radicalement la gouvernance d’un secteur d’importance stratégique.

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S’exprimant sur la chaîne nationale, le général Abdourahamane Tiani a proclamé que le Niger exercerait désormais « son droit légitime […] de disposer librement de ses richesses naturelles, de les commercialiser auprès des acheteurs de son choix, conformément aux règles du marché, en toute souveraineté ». Les autorités reprochent à Orano d’avoir bénéficié d’un accès disproportionné à la production historique des sites miniers, ce qui les a conduits à révoquer la licence d’exploitation d’Imouraren, puis à nationaliser la Somaïr en juin dernier.

De son côté, le groupe français conteste la légalité de ces mesures, affirmant qu’elles contreviennent à plusieurs engagements contractuels. L’entreprise a initié des procédures d’arbitrage international et souligne qu’une juridiction a enjoint le Niger de ne pas commercialiser les stocks de concentré entreposés sur le site de la Somaïr. Orano évoque également des préoccupations sécuritaires concernant l’acheminement du minerai, mentionnant qu’un convoi d’environ 1 000 tonnes, possiblement destiné à Moscou, aurait quitté Arlit sans garanties suffisantes.

Tandis que Niamey s’efforce de multiplier ses partenariats, notamment en direction de l’Iran et de la Russie, la France perd un approvisionnement traditionnel crucial pour son industrie nucléaire. La situation nigérienne n’est pas un cas isolé : suite aux multiples coups d’État survenus au Mali, au Burkina Faso ou en Guinée, de nombreux gouvernements africains, principalement dans la zone sahélienne, manifestent leur volonté de reprendre le contrôle de leur patrimoine minier.

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