Moteur thermique contre électrique: duel pour les kilomètres parcourus

La question de la durabilité des motorisations électriques face aux moteurs thermiques continue d’alimenter les débats dans le monde automobile. Sans prétendre trancher définitivement cette controverse, un test grandeur nature mené par des passionnés russes apporte quelques éléments concrets à cette réflexion. Leur expérience mérite qu’on s’y attarde.

Le collectif de mécaniciens de la chaîne YouTube Faker_Autogroup s’est lancé dans une expérimentation audacieuse pour comparer la robustesse des deux technologies. Leur choix s’est porté sur un modèle particulièrement pertinent pour ce type d’analyse : le SUV Li Auto L9, un véhicule chinois flambant neuf. Ce qui rend ce test intéressant, c’est que ce véhicule intègre les deux technologies sous son capot, mais dans une configuration spécifique qui permet une comparaison directe.

Un système hybride série où le thermique joue le rôle de générateur

La particularité du Li Auto L9 réside dans sa conception hybride de type série. Contrairement aux hybrides conventionnels où le moteur thermique peut propulser directement le véhicule, ici, le bloc essence sert exclusivement de générateur électrique. Ce quatre-cylindres 1.5 litre fonctionnant selon le cycle Miller n’a qu’une mission : alimenter la batterie de 44,5 kWh qui, à son tour, fournit l’énergie au moteur électrique assurant la propulsion.

Cette architecture permet de profiter du confort de conduite d’un véhicule électrique tout en conservant l’autonomie d’une voiture thermique. Avec sa batterie pleinement chargée, le SUV peut parcourir environ 200 kilomètres en mode tout électrique. Une fois cette réserve épuisée, le moteur thermique prend le relais pour générer de l’électricité, puisant dans un réservoir de carburant de 65 litres. C’est un concept similaire à celui du Nissan Qashqai e-Power, mais avec une batterie nettement plus conséquente.

L’électrique tient bon, le thermique flanche

Les YouTubeurs russes ont soumis le véhicule à un test d’endurance extrême, enchaînant les trajets entre Moscou et Krasnodar dans des conditions variées et souvent difficiles. L’objectif ambitieux était d’atteindre le million de kilomètres, mais le Li Auto L9 a finalement jeté l’éponge après avoir parcouru 307 000 kilomètres – une distance déjà très respectable.

Le résultat de cette épreuve est particulièrement intéressant : contrairement à certaines idées reçues, c’est la partie thermique qui a montré des signes de faiblesse en premier. Tandis que le moteur électrique et sa batterie continuaient de fonctionner parfaitement, le bloc essence a présenté une usure prématurée des pistons, démontrant un jeu excessif dans les cylindres. Par ailleurs, le catalyseur s’est également dégradé au point de devenir inopérant.

Ce constat pourrait conforter les défenseurs de la mobilité électrique qui vantent la simplicité mécanique et la durabilité supérieure des moteurs à aimants permanents. Avec moins de pièces en mouvement et sans les contraintes thermiques extrêmes inhérentes à la combustion, les électromoteurs semblent effectivement pouvoir afficher une longévité supérieure.

Néanmoins, il convient de rester prudent dans l’interprétation de ces résultats. Cette expérience, aussi instructive soit-elle, ne concerne qu’un seul véhicule dans des conditions spécifiques. Une comparaison directe entre une voiture 100% électrique et une automobile exclusivement thermique suivant le même parcours pourrait donner des résultats différents.

Ce qui reste indéniable, c’est que les groupes motopropulseurs électriques ont démontré à plusieurs reprises leur capacité à atteindre des kilométrages impressionnants, rivalisant avec les meilleurs moteurs thermiques modernes. Pour certains inconditionnels des moteurs à combustion, l’enjeu est peut-être moins technique qu’émotionnel : accepter que la technologie évolue et que l’électrification représente une avancée significative en termes de durabilité mécanique.