Sécuriser les Casques, Protéger les Vies: La Sécurité Commence Chez Soi

Les experts alertent : les amendes seules ne suffiront pas à enrayer la conduite de motos par des mineurs sans casque dans les zones résidentielles. Un changement culturel et une mobilisation communautaire sont urgents.

Dans de nombreuses zones résidentielles malaisiennes, on observe un phénomène inquiétant : des adolescents pilotant des motos sans casque ni permis, et ce malgré des réglementations claires. Bien que le Département des Transports Routiers (RTD) multiplie les appels à la vigilance et renforce les sanctions contre les contrevenants, les spécialistes estiment que le problème va bien au-delà des simples questions d’application de la loi.

Le cœur du problème réside dans une tendance culturelle préoccupante : la banalisation de comportements dangereux et illégaux chez les jeunes, souvent renforcée par la passivité des communautés et le manque de moyens des forces de l’ordre.

« Nous sommes confrontés à davantage qu’une simple infraction légale—c’est une rupture dans notre responsabilité collective, » explique la Professeure associée Dr Ng Choy Peng, spécialiste des transports à l’Université de Défense Nationale de Malaisie. « Il n’est pas rare d’observer des adolescents traversant les quartiers résidentiels à grande vitesse, sans casque, sans éclairage et sans aucun respect du code de la route. »

Les statistiques sont alarmantes. Rien que le 24 juin dernier, les autorités ont recensé 1 740 incidents et 14 décès. De nombreux cas impliquaient des conducteurs jeunes ou sans permis, mettant en évidence la vulnérabilité des zones résidentielles.

Malgré une amende de 300 RM pour conduite sans casque et des sanctions pouvant aller jusqu’à 2 000 RM ou l’emprisonnement pour les parents de conducteurs mineurs, les experts soulignent que ces pénalités sont rarement appliquées.

« Les contrôles s’arrêtent généralement aux frontières des quartiers résidentiels, » note Dr Ng. « À l’intérieur, les adolescents se sentent libres d’enfreindre les règles. C’est là que les communautés doivent intervenir. »

Un problème communautaire nécessite une solution communautaire

L’expert en transport Dr Law Teik Hua de l’Université Putra Malaysia pointe du doigt un problème de perception dangereux : de nombreux conducteurs estiment que, puisqu’ils « roulent juste à proximité », les casques et permis ne sont pas nécessaires.

« Pourtant, les données montrent le contraire. Rouler sans casque augmente le risque de blessures mortelles à la tête de 40%, » affirme Dr Law. « Et dans les zones résidentielles, où enfants et personnes âgées sont nombreux, les enjeux sont encore plus importants. »

Il souligne également que l’absence d’identification, particulièrement chez les conducteurs mineurs, complique l’application des sanctions. Les contrevenants primaires échappent souvent aux punitions en raison de documents manquants ou de la réticence des parents à assumer leurs responsabilités.

Alors, quelles solutions peuvent véritablement inverser la tendance ?

Repenser les solutions : au-delà de la loi

Les Drs Ng et Law préconisent une approche plus globale incluant :

– Des patrouilles communautaires et signalements au RTD via WhatsApp (+6019-2907723)
– Le renforcement de l’éducation à la sécurité routière dans les écoles
– Des campagnes de sensibilisation ciblant les parents
– Des amendes plus élevées ou des ateliers obligatoires sur la sécurité pour les récidivistes et les mineurs
– Une présence policière aléatoire dans les zones résidentielles aux heures de pointe

« Les lois sont importantes, mais c’est la culture qui détermine les comportements. Si les enfants grandissent dans des communautés où la conduite illégale est perçue comme ‘normale’, l’application des lois seule ne résoudra pas le problème, » conclut Dr Law.

Tant que le silence et la sous-déclaration persisteront, la conduite sans casque restera une crise invisible à nos portes. La solution ne réside pas uniquement dans des sanctions plus sévères, mais dans un changement collectif de mentalité.

Car la sécurité routière ne commence pas sur l’autoroute, elle commence à la maison.