Stellantis: méga-investissement aux USA face aux menaces de droits de douane de Trump

Le groupe Stellantis prévoit un investissement massif de 13 milliards de dollars pour dynamiser sa production automobile sur le territoire américain et embaucher plus de 5 000 personnes.

Antonio Filosa, le nouveau directeur général de Stellantis, vient de dévoiler un plan d’investissement historique aux États-Unis, le plus conséquent en cent ans de présence du groupe sur ce territoire. Cette initiative stratégique vise à reconquérir le marché américain, considéré comme le plus lucratif de l’industrie automobile mondiale.

Une offensive industrielle de 13 milliards, 5 000 emplois et 5 modèles inédits

Cette stratégie ambitieuse prévoit une injection de 13 milliards de dollars d’ici 2029, la génération de plus de 5 000 postes et une augmentation de 50% des capacités de production locales. Cette démarche industrielle d’envergure marque un tournant pour Stellantis, souvent pointé du doigt ces dernières années pour avoir délocalisé certaines activités vers le Mexique et le Canada.

L’enveloppe budgétaire sera distribuée entre différents sites industriels américains pour revitaliser ou moderniser leurs infrastructures. Une part significative financera la remise en service de l’usine de Belvidere en Illinois, destinée à produire de futurs modèles Jeep et à redevenir un centre névralgique du groupe aux États-Unis. D’autres véhicules seront également fabriqués dans l’Ohio, le Michigan et l’Indiana, notamment un pick-up de gamme intermédiaire, un SUV à motorisation thermique et sa version hybride, ainsi qu’un nouveau moteur quatre cylindres destiné à équiper plusieurs véhicules.

Cette initiative permettra au total de lancer cinq nouveaux modèles sur le marché américain et de moderniser 19 véhicules déjà commercialisés, démontrant la volonté de Stellantis de rajeunir son offre tout en consolidant ses positions dans les segments les plus profitables. « Ce plan d’investissement, sans précédent dans notre histoire américaine, soutiendra notre développement et renforcera notre présence industrielle aux États-Unis », déclare Antonio Filosa, PDG du groupe, qui réaffirme sa volonté de « replacer le client au cœur » de la stratégie Stellantis.

Cette réorientation stratégique marque une rupture nette avec l’approche adoptée par Carlos Tavares, son prédécesseur, qui avait réduit les activités sur le marché américain pour privilégier la rentabilité et les économies. Sous la direction de Filosa, Stellantis s’engage clairement dans une stratégie de reconquête du marché américain.

Une offensive commerciale sous influence politique

Sur le territoire américain, Stellantis a subi un revers considérable avec une régression de 42% de son volume commercial depuis 2018, conséquence d’une gamme vieillissante face à ses concurrents Ford, General Motors et Toyota qui ont renouvelé intensivement leurs produits. Le groupe a particulièrement reculé dans le segment des pick-ups, pourtant crucial pour sa rentabilité.

Cette initiative intervient également dans un environnement politique particulier, alors que Donald Trump exerce une forte pression sur les constructeurs pour qu’ils relocalisent leur production, menaçant d’imposer des droits de douane de 25% sur les véhicules importés.

Suite à cette annonce, l’action Stellantis a progressé de 8% à Wall Street, sa plus forte hausse depuis janvier. Une progression bienvenue pour un constructeur qui a déjà perdu plus de 20% de sa valeur boursière depuis le début de l’année. « Réussir en Amérique n’est pas seulement bénéfique pour Stellantis aux États-Unis. C’est ce qui renforcera le groupe partout dans le monde », affirme Antonio Filosa.