Warren Buffett abandonne BYD : un signal fort dans l’industrie automobile

L’empire Berkshire Hathaway de Warren Buffett met fin à son aventure avec BYD, un partenariat qui a transformé un fabricant de batteries peu connu en géant automobile mondial. Cette séparation après presque deux décennies pourrait avoir des conséquences importantes pour le constructeur chinois.

En pleine crise financière de 2008, Berkshire Hathaway prenait une décision audacieuse en acquérant 10 % des parts de BYD, une entreprise chinoise alors relativement discrète. Cette acquisition survenait seulement trois ans après le lancement du premier véhicule de ce fabricant initialement spécialisé dans les batteries. L’appui de Warren Buffett propulsait instantanément la notoriété du constructeur.

L’investissement initial de 230 millions de dollars représentait une somme considérable à l’époque. Warren Buffett justifiait principalement cette décision par sa confiance en Wang Changfu, le dirigeant de BYD, plutôt que par une conviction particulière dans le marché automobile chinois. Le milliardaire américain précisait d’ailleurs que cet investissement reposait essentiellement sur sa foi en la personne du PDG.

Depuis, 17 années se sont écoulées et BYD s’est métamorphosé en un conglomérat automobile multi-marques de renommée internationale. Son expansion fulgurante ces dernières années l’a propulsé au troisième rang mondial des constructeurs en termes de valorisation. Sa production a été multipliée par quatre entre 2020 et 2024, atteignant 4 millions de véhicules annuels. La valeur de l’investissement initial de Buffett a ainsi été multipliée par 20.

Aujourd’hui, le célèbre investisseur quitte définitivement l’aventure BYD. Berkshire Hathaway cède la totalité de sa participation. Ce désengagement s’est opéré graduellement, avec une première vague importante d’actions cédées dès 2022. Cette annonce en 2025 résonne particulièrement dans un contexte où BYD vient de réviser à la baisse ses bénéfices trimestriels et ses objectifs de ventes annuelles (réduits de 16 %).

Selon les documents officiels déposés par Berkshire Hathaway, la liquidation complète des positions daterait en réalité de mars dernier, et non de septembre. On apprend également que fin 2024, la valeur des actions encore détenues par le groupe de Buffett s’élevait à 415 millions de dollars. La majorité du désengagement se serait donc produite entre 2022 et 2024, et non cette année.

Malgré son développement international, BYD reste fortement dépendant du marché chinois, qui représente environ 80 % de ses ventes. Sur son territoire, la concurrence s’intensifie, tandis que les autorités chinoises et étrangères surveillent étroitement les pratiques tarifaires agressives des constructeurs les plus compétitifs.

Le départ de Warren Buffett et la réaction de BYD

Sur Weibo, la plateforme sociale chinoise privilégiée par les entreprises et personnalités, Li Yunfei, directeur général de la communication de BYD, a exprimé la gratitude du groupe envers Berkshire pour « son investissement, son soutien et sa collaboration au cours des 17 dernières années ». Comme le rapportait CNN, le conglomérat de Buffett n’a fait aucune déclaration concernant cette vente, que Li Yunfei a qualifiée d’opération boursière « ordinaire ».

Pour le constructeur, qui conserve le même dirigeant, le départ de Warren Buffett marque un tournant qui nécessitera de nouveaux éléments structurants pour maintenir la confiance des investisseurs et l’attrait de la marque. Parmi les défis majeurs : dissiper les inquiétudes concernant une possible dette colossale dépassant 44 milliards de dollars, se positionner comme pionnier dans le développement des batteries solides, et réussir à s’établir comme une marque à la fois locale et mondiale. En Europe, l’ouverture d’une usine en Hongrie s’inscrit dans cette stratégie d’expansion.