Xiaomi : Le nouveau géant qui défie l’industrie automobile électrique ?

Dans un secteur de la voiture électrique où nombreux sont ceux qui luttent pour leur survie, Xiaomi se distingue particulièrement. Le géant chinois de l’électronique pourrait, dans les prochaines semaines, rejoindre le cercle très restreint des constructeurs automobiles chinois affichant une rentabilité dans le domaine de l’électrique.

Le paysage automobile chinois a radicalement évolué depuis trente ans, passant d’un marché secondaire à un écosystème extrêmement compétitif. La transformation s’est particulièrement accélérée dans la dernière décennie, lorsque les autorités chinoises ont massivement encouragé le développement des véhicules électriques via d’importantes aides publiques. Cette politique a incité de nombreuses entreprises à se lancer sur ce segment, avec des ambitions considérables.

Malheureusement, la réalité économique a rattrapé la plupart d’entre elles. Dans un environnement saturé d’offres, la majorité des jeunes marques chinoises peine à atteindre l’équilibre financier. Tandis que certaines frôlent la banqueroute, un acteur semble naviguer à contre-courant. La division automobile de Xiaomi pourrait effectivement devenir bénéficiaire dans un avenir très proche. Comment expliquer ce succès atypique?

Une progression spectaculaire des livraisons

En premier lieu, les performances commerciales de Xiaomi sont impressionnantes avec 81 502 véhicules écoulés au second trimestre 2025, représentant une croissance phénoménale de 198% par rapport à la même période de l’année précédente. Le mois de juillet a marqué un record historique pour la marque avec plus de 30 000 véhicules livrés. Plus globalement, le constructeur a atteint le cap symbolique des 300 000 voitures livrées depuis le lancement de sa production, il y a seulement 15 mois.

Si les smartphones et autres produits électroniques demeurent le cœur de l’activité de Xiaomi, l’automobile prend une importance grandissante dans ses résultats financiers. Avec un chiffre d’affaires atteignant 20,6 milliards de yuans (équivalent à 2,47 milliards d’euros) pour le deuxième trimestre 2025, la division automobile représente désormais 17,8% du revenu total contre seulement 7% à la même période en 2024.

Une stratégie assurant d’excellentes marges

Cette croissance permet à Xiaomi de surpasser plusieurs concurrents établis comme Xpeng (2,18 milliards d’euros), Leapmotor (1,7 milliard d’euros) et Zeekr (1,31 milliard d’euros). Au-delà du volume des ventes, le constructeur se distingue par la rentabilité de ses opérations. La marge brute de l’entreprise a atteint 26,4% au deuxième trimestre 2025, contre seulement 15,4% un an auparavant.

Cette amélioration ne résulte pas d’une simple augmentation des prix. Xiaomi identifie plusieurs facteurs expliquant cette performance financière remarquable, notamment la diminution du prix des composants essentiels, l’optimisation des coûts de production, ainsi que le succès commercial inattendu de son modèle premium SU7 Ultra. Parallèlement, l’entreprise continue de réduire significativement ses pertes opérationnelles.

Ambitions européennes

Le déficit du constructeur s’est limité à 300 millions de yuans (36 millions d’euros) ce trimestre, une amélioration spectaculaire par rapport aux 1,8 milliard de yuans de pertes enregistrées un an plus tôt. Lu Weibing, président et associé de Xiaomi, explique que ce succès découle d’un positionnement stratégique délibéré sur le segment haut de gamme. Une approche audacieuse qui, bien que risquée, permet de dégager des marges substantielles.

Durant ce même second trimestre 2025, le prix moyen d’acquisition d’un véhicule Xiaomi s’est établi à 254 000 yuans (environ 30 466 €), soit une augmentation de 10,9% comparé à l’année précédente. De plus, Xiaomi a rationalisé ses investissements en développant une plateforme technique unique pour ses trois modèles (SU7, SU7 Ultra et YU7), réduisant considérablement les coûts de développement. Forte de ces réussites, la marque entend poursuivre son expansion en Europe, où elle a récemment inauguré un centre de recherche et développement à Munich, ville emblématique de BMW.