Mutt Motorcycles ferme ses portes — Voici ce qui a mal tourné

Mutt Motorcycles, spécialiste des petites cylindrées au style rétro, vient d’être placée en redressement judiciaire. Découvrons les raisons de cette faillite et son impact sur le segment des motos néo-rétro.

Les motos vintage possèdent un charme indéniable. Même les non-motards peuvent apprécier cette esthétique d’antan — cadres épurés, lignes classiques, et cette aura nostalgique qui donne instantanément envie d’enfourcher la machine. C’est précisément pourquoi des marques comme Triumph, Royal Enfield ou la gamme Scrambler de Ducati jouissent d’une communauté si fidèle.

Pour les amateurs recherchant ce look vintage sans la puissance ou le gabarit imposant d’une grosse cylindrée, Mutt Motorcycles représentait une solution idéale. L’entreprise proposait des modèles légers de 125cc et 250cc avec une finition artisanale et une esthétique personnalisée — parfaits pour la conduite urbaine et les haltes aux cafés. Dans des pays comme le Royaume-Uni, où le système de permis progressif rend les petites motos particulièrement attractives, Mutt avait su se créer une place de choix.

Mais depuis le 3 mars 2025, la société basée à Birmingham est officiellement entrée en procédure d’administration judiciaire, avec le licenciement de la majorité de son personnel et un avenir incertain. Des négociations sont en cours pour vendre la marque et ses actifs, mais pour l’instant, l’aventure Mutt semble toucher à sa fin.

Pourquoi Mutt a perdu du terrain

L’identité de Mutt reposait sur une approche boutique — des petites motos au design distinctif qui ne passaient pas inaperçues. Cependant, en coulisses, l’entreprise s’approvisionnait en moteurs et pièces en Chine, avant d’assembler les motos au Royaume-Uni. Cette stratégie maintenait les coûts à un niveau raisonnable, mais pas suffisamment compétitif. Leurs modèles 250cc se vendaient environ 4 000 £ (approximativement 22 000 RM) — soit à peu près le même prix qu’une Royal Enfield Hunter 350, qui offre davantage de puissance, un réseau de support plus étendu, et une notoriété mondiale.

Ajoutez à cela la concurrence croissante d’entreprises comme Benelli et CFMoto, qui proposent des motos accessibles aux débutants avec un meilleur rapport qualité-prix et un solide soutien, et Mutt a commencé à paraître trop chère pour ce qu’elle offrait réellement.

La transition vers l’électrique n’a pas aidé

Par ailleurs, l’essor des deux-roues électriques légers en Europe a davantage compliqué la situation. Des marques comme Super Soco et Surron gagnent en popularité auprès des jeunes conducteurs en offrant des véhicules électriques abordables et adaptés à la ville. Mutt n’a pas su pivoter assez rapidement — voire pas du tout — dans cette direction.

Une marque de niche dans un marché impitoyable

Finalement, la chute de Mutt illustre parfaitement le cas d’une marque tendance incapable de s’adapter à un marché en rapide évolution. Des motos stylées ne suffisent pas — les motards exigent également des performances, un prix compétitif et un service après-vente fiable. Dans un environnement aussi concurrentiel, les marques qui ne cochent pas toutes ces cases n’ont que peu de chances de survie.

À moins qu’un repreneur n’achète et ne relance Mutt, la marque pourrait bien disparaître — laissant un avertissement aux autres acteurs du secteur : dans l’univers motocycliste actuel, le style seul ne suffit plus à assurer la pérennité d’une entreprise.