Connect with us

Transport

Opération Zéro VTC : Les Chauffeurs se Rebellent Contre Uber et Bolt

Published

on

Opération Zéro VTC

La colère gronde chez les chauffeurs VTC français. Hier, à la gare de Chessy-TGV, une action spectaculaire a marqué le début d’un mouvement de protestation d’envergure. Des dizaines de chauffeurs ont bloqué l’accès à leurs collègues travaillant pour les applications et ont contraint tous les clients à descendre des véhicules. Un coup de semonce avant une mobilisation nationale prévue le mercredi 10 décembre.

Un blocage musclé à la gare de Chessy-TGV

La scène s’est déroulée hier devant la gare TGV de Chessy, porte d’entrée principale de Disneyland Paris. Des chauffeurs VTC en colère ont organisé un barrage filtrant pour empêcher leurs confrères connectés aux applications de récupérer des clients. L’opération, baptisée « Zéro Application VTC », visait à faire descendre tous les passagers des véhicules commandés via Uber, Bolt et autres plateformes.

Capture decran 2025 12 07 192105
Capture decran 2025 12 07 192044

Cette action coup de poing n’est pas un acte isolé. Elle témoigne d’un ras-le-bol généralisé d’une profession qui se sent exploitée et abandonnée par les géants de la réservation en ligne. Les chauffeurs dénoncent des conditions de travail de plus en plus difficiles et une rémunération en chute libre.

Des tarifs en baisse constante, surtout chez Bolt

Le principal grief des chauffeurs concerne l’effondrement des prix des courses. Ces dernières années, la guerre tarifaire entre les différentes plateformes a entraîné une baisse dramatique des revenus. Bolt, notamment, cristallise les critiques en proposant des tarifs particulièrement bas pour attirer les clients.

« On ne peut plus vivre de notre métier », explique un chauffeur parisien qui préfère rester anonyme. « Quand on enlève le carburant, l’assurance, l’entretien du véhicule et les commissions des applications, il ne reste presque rien. Certains mois, on gagne moins que le SMIC pour 70 heures de travail par semaine. »

Cette course au prix le plus bas profite aux clients à court terme, mais met en péril toute une profession. Les chauffeurs se retrouvent coincés : impossible de refuser ces courses mal payées sans voir leur taux d’acceptation chuter, ce qui entraîne des pénalités de la part des plateformes.

Des commissions qui grimpent jusqu’à 45% chez Uber

Si les tarifs baissent pour les clients, les commissions prélevées par les plateformes ne cessent d’augmenter. Chez Uber, les chauffeurs dénoncent des commissions variables pouvant atteindre 45% du montant de la course. Concrètement, sur 100 euros facturés au client, le chauffeur ne touche que 55 euros avant même de déduire ses frais professionnels.

Ces commissions ne sont pas fixes et varient selon des critères opaques que les chauffeurs peinent à comprendre.

Cette situation crée un déséquilibre flagrant : pendant que les chauffeurs voient leurs revenus fondre, les plateformes engrangent des profits considérables sans assumer les risques et les charges liées à l’activité.

Le scandale de la TVA : facturation depuis les Pays-Bas et l’Estonie

Un autre point soulève la colère des chauffeurs : la domiciliation fiscale des plateformes. Uber et Bolt facturent leurs services depuis les Pays-Bas et l’Estonie, deux pays où la fiscalité est plus avantageuse qu’en France. Cette optimisation fiscale légale pose néanmoins un problème majeur pour les chauffeurs français.

En effet, les chauffeurs VTC français doivent payer la TVA sur l’ensemble de leurs prestations, y compris sur les commissions versées aux plateformes. Problème : comme Uber et Bolt facturent depuis l’étranger, les chauffeurs ne peuvent pas récupérer cette TVA qu’ils avancent pourtant. Ils se retrouvent donc à payer une taxe à la place des applications, ce qui grève encore davantage leur rentabilité.

« C’est une double peine », s’insurge un représentant des chauffeurs. « Non seulement on nous prend 45% de commission, mais en plus on doit payer la TVA sur cette commission sans pouvoir la déduire. Les plateformes profitent d’un montage fiscal pendant qu’on s’appauvrit. »

Cette situation soulève des questions sur l’équité fiscale et la nécessité de réguler davantage ces géants du numérique qui opèrent en France tout en échappant en partie à la fiscalité française.

Opération nationale le 10 décembre : des barrages partout en France

Face à cette situation qu’ils jugent intenable, les chauffeurs VTC organisent une mobilisation nationale le mercredi 10 décembre. L’opération « Zéro VTC Application » vise à paralyser l’activité des plateformes pendant toute une journée.

Les consignes de mobilisation

Les chauffeurs ont reçu pour instruction de ne pas se connecter aux applications durant toute la journée. L’objectif : montrer aux plateformes qu’elles dépendent entièrement des chauffeurs et que ces derniers peuvent bloquer le système quand ils le décident.

Des barrages sauvages seront organisés aux points stratégiques suivants :

  • Les principales gares TGV et gares parisiennes
  • Les aéroports de Roissy-Charles de Gaulle et Orly
  • Les aéroports de province (Lyon, Marseille, Toulouse, Nice, Bordeaux)
  • Les grandes stations de correspondance multimodales

Une action coup de poing

Comme à Chessy-TGV, les chauffeurs mobilisés prévoient de faire descendre les clients des véhicules commandés via les applications. Cette stratégie vise à créer une prise de conscience chez les utilisateurs et à médiatiser massivement leur combat.

« On ne s’attaque pas aux clients », précise un organisateur. « On veut juste leur montrer la réalité de notre situation. Beaucoup de gens pensent qu’on roule sur l’or avec ces applications, alors qu’on crève de faim. Il faut que ça se sache. »

Cette mobilisation intervient à une période stratégique, juste avant les fêtes de fin d’année, période traditionnellement très chargée pour les VTC. Les chauffeurs espèrent ainsi maximiser l’impact de leur action sur les plateformes.

Des revendications claires et légitimes

Au-delà de la colère, les chauffeurs portent des revendications précises et argumentées.

Une limitation des commissions : les chauffeurs réclament un plafonnement des commissions à 20% maximum, comme c’est le cas dans certains pays européens. Ce taux permettrait aux chauffeurs de vivre décemment de leur activité tout en laissant aux plateformes une marge suffisante.

Des tarifs planchers : pour mettre fin à la guerre des prix destructrice, les chauffeurs demandent l’instauration de tarifs minimums garantissant une rémunération décente. Cette mesure existe déjà dans certaines villes américaines où les autorités locales ont imposé des seuils tarifaires.

Une transparence totale : les chauffeurs exigent que les plateformes communiquent clairement sur leurs algorithmes de tarification et de répartition des courses. Actuellement, tout se passe dans une opacité totale qui les place en position de faiblesse.

Une régularisation fiscale : concernant la TVA, les chauffeurs demandent aux autorités françaises d’obliger les plateformes à facturer depuis la France ou à mettre en place un mécanisme permettant aux chauffeurs de récupérer la TVA payée sur les commissions.

Advertisement
Advertisement