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Roissy-CDG : Opération Musclée de Contrôle des VTC Avant la Grève du 10 Décembre

L’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle a été le théâtre aujourd’hui d’une vaste opération de contrôle menée conjointement par la police et les douanes. Une mobilisation des forces de l’ordre qui intervient à quelques jours seulement de l’opération « Zéro VTC Application » prévue mercredi 10 décembre. Ambiance électrique garantie dans le premier hub aérien français.
Des contrôles douaniers intensifs toute la journée
Dès les premières heures de ce mardi, les agents des douanes ont pris position aux arrivées de tous les terminaux de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Terminal 1, Terminal 2 avec ses multiples satellites (2A, 2B, 2C, 2D, 2E, 2F, 2G) et Terminal 3 : aucune zone n’a été épargnée par cette opération d’envergure.
Les contrôles se sont déroulés tout au long de la journée, créant par moments des ralentissements dans la circulation des voyageurs. Les douaniers ont procédé à des vérifications systématiques, ciblant particulièrement les flux de passagers et les professionnels du transport.
Cette présence renforcée des autorités douanières intervient dans un contexte de tension croissante autour de l’activité des VTC. Si les raisons officielles de ces contrôles n’ont pas été précisées, leur timing interroge : à deux jours de la grève annoncée, cette démonstration de force ne passe pas inaperçue auprès des chauffeurs.
Le parking pro passé au peigne fin
Mais c’est surtout au parking professionnel que l’opération a pris une tournure particulière. Les forces de l’ordre aéroportuaire ont procédé à des vérifications systématiques des pare-brise de tous les véhicules VTC stationnés.
Cette inspection minutieuse vise à contrôler la conformité des documents réglementaires que les chauffeurs VTC doivent obligatoirement afficher. Carte professionnelle, vignette d’assurance, autorisation de stationnement dans le parking pro… Chaque détail a été examiné avec attention.
« Ils ont vérifié tous les véhicules un par un », témoigne un chauffeur présent sur place. « Pare-brise, documents, assurance… Tout y est passé. C’est clairement un message qu’on nous envoie avant mercredi. »
Ces contrôles permettent aux autorités aéroportuaires de repérer les chauffeurs en situation irrégulière : documents périmés, défaut d’assurance professionnelle, absence de carte VTC valide ou encore stationnement non autorisé. Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant aller de quelques centaines à plusieurs milliers d’euros, voire à une interdiction d’exercer.
Pour les chauffeurs mobilisés contre les plateformes, cette opération est perçue comme une tentative d’intimidation avant le mouvement de grève prévu. « On se bat contre Uber et Bolt, et c’est nous qu’on contrôle. C’est tout de même paradoxal », s’indigne un représentant des chauffeurs.
Mercredi 10 décembre : une journée sous haute tension
Cette opération de contrôle prend tout son sens à la lumière de ce qui se prépare pour mercredi 10 décembre. Les chauffeurs VTC ont appelé à une mobilisation nationale baptisée « Opération Zéro VTC Application« , qui prévoit notamment des barrages aux points stratégiques, dont les aéroports.
Les consignes de mobilisation à Roissy
À Roissy-Charles de Gaulle, les chauffeurs mobilisés ont prévu plusieurs actions :
- Déconnexion massive de toutes les applications (Uber, Bolt, Heetch, Free Now)
- Barrages filtrants aux accès des terminaux
- Interception des véhicules connectés aux plateformes pour faire descendre les clients
- Occupation des zones d’attente réservées aux VTC
L’objectif affiché : paralyser totalement l’activité des plateformes sur le premier aéroport européen et montrer leur détermination face à la dégradation de leurs conditions de travail.
Un dispositif de sécurité renforcé attendu
Face à ces annonces, la direction de l’aéroport et les autorités préfectorales préparent déjà la riposte. Un dispositif de sécurité exceptionnel devrait être déployé mercredi :
- Renfort massif de forces de l’ordre
- Surveillance accrue des accès aux terminaux
- Patrouilles mobiles dans les parkings
- Présence de la gendarmerie des transports aériens
Les autorités veulent éviter à tout prix que la mobilisation ne perturbe le fonctionnement de l’aéroport et le parcours des voyageurs. Avec plus de 70 millions de passagers annuels, Roissy ne peut se permettre le moindre blocage, surtout en période de préparation des fêtes de fin d’année.
Les voyageurs pris en otage ?
Cette situation place les voyageurs dans une position délicate. Coincés entre les revendications légitimes des chauffeurs et leur besoin de se déplacer, ils risquent de subir de plein fouet les conséquences du mouvement.
Les passagers ayant réservé un VTC pour mercredi sont invités à prévoir des solutions alternatives : taxis traditionnels, transports en commun (RER B, Roissybus, bus directs), ou encore navettes d’hôtels. Les temps d’attente pourraient être considérablement allongés, particulièrement aux heures de pointe.
Certains voyageurs expriment déjà leur inquiétude sur les réseaux sociaux. « J’ai un vol mercredi matin à 7h, j’ai réservé un Uber. Je fais comment maintenant ? », s’interroge une utilisatrice sur Twitter. D’autres se montrent plus compréhensifs : « Les chauffeurs ont raison de se battre. Je prendrai le RER, ce n’est pas la fin du monde. »
Des revendications qui dépassent le cadre de Roissy
Si Roissy cristallise les tensions mercredi, c’est parce que cet aéroport représente un enjeu économique majeur pour les chauffeurs VTC. Les courses depuis et vers l’aéroport constituent une part importante de leur chiffre d’affaires, avec des trajets souvent longs et bien rémunérés.
Mais les revendications des chauffeurs vont bien au-delà d’un simple blocage d’aéroport. Ils dénoncent :
- Des commissions variables atteignant 45% chez Uber
- Des tarifs en chute libre, notamment chez Bolt
- Un scandale fiscal : impossibilité de récupérer la TVA payée sur les commissions, car Uber et Bolt facturent depuis les Pays-Bas et l’Estonie
- Un manque de transparence des algorithmes de tarification
- L’absence de protection sociale décente
« On ne fait pas ça pour embêter les gens », explique un chauffeur parisien. « On fait ça parce qu’on n’a plus le choix. Après avoir payé l’essence, l’assurance, l’entretien et les commissions, il ne reste rien. On veut juste pouvoir vivre de notre travail. »
Les plateformes dans le viseur
Uber et Bolt, les deux principales plateformes visées, n’ont toujours pas réagi officiellement à l’opération de contrôle d’aujourd’hui ni aux menaces de blocage de mercredi. Leur silence alimente la colère des chauffeurs qui se sentent méprisés et ignorés.
Ces géants de la réservation en ligne se retrouvent dans une position inconfortable. D’un côté, ils doivent maintenir des tarifs attractifs pour les clients dans un marché hyper-concurrentiel. De l’autre, ils font face à une grogne croissante de leurs chauffeurs-partenaires qui estiment ne plus pouvoir vivre décemment de leur activité.
La question de la requalification du lien entre plateformes et chauffeurs revient régulièrement sur la table. Sont-ils vraiment des travailleurs indépendants ou des salariés déguisés ? Plusieurs décisions de justice européennes ont déjà reconnu l’existence d’un lien de subordination, ouvrant la voie à une possible requalification en contrat de travail.
Un mouvement qui pourrait faire tache d’huile
Si le blocage de Roissy mercredi prend l’ampleur espérée par les organisateurs, il pourrait inspirer d’autres professions de l’économie des plateformes. Livreurs, loueurs de courte durée, prestataires de services : tous sont confrontés aux mêmes problématiques de commissions élevées et de revenus en baisse.
Le secteur du transport VTC compte environ 30 000 chauffeurs actifs en Île-de-France et près de 50 000 sur l’ensemble du territoire français. Si une partie significative d’entre eux se mobilise, l’impact pourrait être considérable, non seulement à Roissy mais sur l’ensemble des grands hubs de transport français.
D’autres actions sont déjà évoquées pour les semaines à venir si les revendications ne sont pas entendues : grèves tournantes, blocages ciblés aux heures de pointe, manifestations devant les sièges des plateformes. La mobilisation pourrait s’inscrire dans la durée.
Orly et les autres aéroports également concernés
Roissy n’est pas le seul aéroport dans le viseur des chauffeurs mobilisés. Orly, second aéroport francilien, devrait également connaître des perturbations mercredi. Des opérations similaires sont annoncées dans les principaux aéroports de province : Lyon-Saint-Exupéry, Marseille-Provence, Toulouse-Blagnac, Nice-Côte d’Azur et Bordeaux-Mérignac.
L’enjeu est national et la mobilisation se veut la plus large possible pour marquer les esprits. Les organisateurs espèrent créer un électrochoc capable de forcer les plateformes à s’asseoir à la table des négociations.
Que faire si vous devez prendre l’avion mercredi ?
Pour les voyageurs qui doivent se rendre à Roissy mercredi, voici quelques recommandations pratiques :
Privilégiez les transports en commun : le RER B dessert directement l’aéroport, tout comme plusieurs lignes de bus. C’est la solution la plus fiable mercredi.
Prévoyez large : ajoutez au moins une heure supplémentaire à votre temps de trajet habituel pour pallier d’éventuels retards ou blocages.
Annulez votre VTC si possible : contactez votre plateforme pour annuler sans frais et optez pour une solution alternative.
Réservez un taxi traditionnel : les taxis parisiens ne sont pas concernés par le mouvement et continueront d’assurer leur service normalement.
Contactez votre hôtel : de nombreux établissements proposent des navettes privées vers les aéroports.
La journée de mercredi s’annonce décisive pour l’avenir de la profession. Entre l’opération de contrôle musclée d’aujourd’hui et la mobilisation annoncée demain, Roissy-Charles de Gaulle se trouve au cœur d’un bras de fer qui dépasse largement le cadre aéroportuaire. C’est tout le modèle de l’économie des plateformes qui est questionné, avec en ligne de mire une question fondamentale : comment concilier innovation numérique et conditions de travail décentes ? La réponse à cette interrogation se dessinera peut-être dès mercredi sur le tarmac de Roissy.














