Voitures électriques abordables : une réalité prochaine pour la France ?

L’invasion douce des véhicules électriques chinois en Europe semble imminente, mais avec des restrictions importantes. Est-ce réellement bénéfique pour le secteur automobile?

Lorsqu’on interroge les Français sur ce qui les retient d’acquérir un véhicule électrique, la réponse prédominante est invariablement le coût d’achat. Selon les analyses récentes de l’Institut 4 Climate Economics, les ménages français de la classe moyenne n’ont toujours pas les capacités financières nécessaires pour s’équiper en mobilité électrique.

Durant plusieurs années, la transition écologique dans l’automobile a été soutenue par des subventions gouvernementales. Le bonus écologique a constitué un levier crucial pour de nombreux Français, mais récemment, cette aide financière a connu une réduction significative de son enveloppe budgétaire.

Pour réduire le prix d’accès aux véhicules électriques, une alternative existe, bien qu’elle suscite des réticences au niveau gouvernemental et européen. En effet, seul le marché chinois semble actuellement capable de produire des voitures électriques économiquement accessibles. D’ailleurs, Pékin insiste depuis plusieurs mois pour que soient supprimées les barrières douanières afin de permettre à ses véhicules abordables d’inonder le marché européen.

Selon les récentes déclarations du ministère du Commerce chinois, les pourparlers avec les autorités de Bruxelles seraient entrés dans leur « phase finale ». Un compromis paraît donc se profiler à l’horizon, mais quelles en seraient les modalités?

Vers l’établissement d’un « seuil tarifaire plancher »

Les négociateurs européens auraient discuté l’instauration d’un « prix minimum » pour les véhicules électriques. Cette proposition, initialement suggérée par les autorités chinoises et d’abord rejetée catégoriquement par la Commission européenne, semble désormais revenir au centre des discussions.

Dans la pratique, l’établissement d’un « prix minimum » signifierait qu’aucun véhicule électrique manufacturé en Chine ne pourrait être commercialisé en-dessous d’un certain tarif. Cela représenterait une opportunité manquée pour les consommateurs européens en termes d’économies, mais constituerait la contrepartie nécessaire pour permettre aux constructeurs européens de maintenir leur compétitivité face à la concurrence chinoise.

Actuellement, les négociations pour déterminer ce seuil tarifaire se poursuivent. Les autorités européennes avaient initialement évoqué un prix plancher de 40 000 euros, tandis que Pékin proposait 30 000 euros. Un compromis intermédiaire devrait probablement être trouvé dans les semaines à venir. La Commission européenne s’est engagée à finaliser cet accord avant le 30 octobre, ce qui devrait nous apporter plus de précisions d’ici la fin de l’été.

La position dominante de la Chine dans les négociations

Ces tractations entre Bruxelles et l’Empire du Milieu sont toutefois caractérisées par un déséquilibre manifeste. L’Europe semble contrainte dans ses options. Bien que le Vieux Continent tente d’exploiter ses atouts, Pékin dispose d’arguments considérables. Le plus déterminant – qui a même tempéré les ardeurs protectionnistes de Donald Trump – concerne le monopole chinois sur les terres rares.

Si l’Union européenne refuse l’accès de son marché aux véhicules électriques chinois, qu’est-ce qui inciterait la Chine à continuer d’approvisionner les entreprises européennes en terres rares? Cette menace implicite suscite de vives inquiétudes à Bruxelles. La crise des semi-conducteurs de 2022 reste gravée dans les mémoires. Une restriction des exportations de terres rares pourrait engendrer des répercussions encore plus désastreuses pour l’industrie européenne.