Les autoroutes augmentent leur vitesse maximale : « On va pouvoir rouler à fond ! »

En Europe, les pays adoptent des approches très différentes concernant les limitations de vitesse sur autoroute, créant d’importantes disparités pour les conducteurs selon leur localisation.

À contre-courant de la tendance européenne qui penche vers des restrictions accrues, les Pays-Bas viennent de surprendre en assouplissant leurs règles de circulation autoroutière.

D’après les informations rapportées par le magazine AutoPlus, l’administration néerlandaise a décidé de lever la restriction de 100 km/h sur plusieurs segments du réseau autoroutier, abandonnant ainsi les mesures restrictives mises en place durant la crise sanitaire. Un document officiel mentionné par AutoPlus précise que "la vitesse maximale sur les autoroutes sera augmentée à 130 km/h dans tous les secteurs où cette mesure est applicable".

Des effets minimes sur l’environnement

Cette évolution concerne actuellement trois sections de l’autoroute A7, mais elle représente un véritable changement d’orientation dans la politique de circulation routière néerlandaise. Il convient de rappeler que la limitation imposée en mars 2020 visait à diminuer les rejets d’oxydes d’azote. Ce dispositif, jugé compliqué et critiqué par de nombreux usagers, imposait une vitesse de 100 km/h entre 6h et 19h sur l’ensemble du réseau autoroutier, tandis que certains tronçons permettaient de rouler à 120 ou 130 km/h en période nocturne.

Quelles sont les raisons de ce revirement politique? Les analyses menées par plusieurs institutions néerlandaises, dont l’Agence d’évaluation environnementale, l’Institut de santé publique et l’université de Wageningen, ont démontré que la réduction de vitesse avait eu un effet "insignifiant, voire imperceptible, sur la réduction des émissions d’oxydes d’azote".

En substance, cette période de quatre années sous restrictions sévères n’a pas produit d’amélioration notable de la qualité atmosphérique. Ce constat affaiblit considérablement l’argumentaire des défenseurs d’une limitation drastique, même si les mouvements écologistes – notamment le parti Groen aux Pays-Bas – persistent à défendre la limite de 100 km/h, soulignant ses avantages pour l’environnement et la sécurité des usagers.

Cette décision inattendue s’inscrit néanmoins dans un paysage européen diversifié : alors que la France conserve sa limitation à 130 km/h sur la majorité de ses autoroutes, certaines nations envisagent de réduire cette limite à 110 km/h pour des considérations écologiques et sécuritaires. À l’opposé, la République tchèque et l’Italie expérimentent ou ont déjà adopté des augmentations de vitesse sur certains parcours, allant jusqu’à 150 km/h dans des conditions spécifiques. Les Pays-Bas rejoignent ainsi cette tendance minoritaire qui estime que les infrastructures contemporaines et bien entretenues peuvent supporter des vitesses plus élevées sans compromettre significativement la sécurité, moyennant une gestion adaptée.

Il faut toutefois préciser que cette augmentation de la limitation ne sera pas généralisée à l’ensemble du réseau autoroutier néerlandais : les autorités indiquent qu’elle sera mise en œuvre "lorsque les conditions le permettent", en tenant compte des spécificités locales, particulièrement en matière de nuisances sonores et de pollution. Cette démarche pragmatique, privilégiant l’analyse des résultats effectifs plutôt que les intentions déclarées, marque un tournant significatif dans la politique de mobilité du pays.

Comme le souligne AutoPlus, "l’administration semble désormais favoriser une approche plus pragmatique, fondée sur l’observation des effets concrets plutôt que sur de simples déclarations d’intention". Reste à déterminer si cette initiative fera des émules ailleurs en Europe, dans un contexte où les débats sur la vitesse et ses impacts environnementaux n’ont jamais été aussi intenses.